barons qu’on en pleurera toujours. — À la grâce de Dieu ! Gui, » dit le comte, « c’est aujourd’hui que tout se décidera ! — [6410] Comte, » dit Hugues de Laci, « nous sommes en si mauvais point que nous recevrons ici le martyre : c’est ainsi que tout finira, car il me semble que nous sommes réduits d’un tiers. Renonçons à la lutte, ou nous sommes perdus, car si elle se prolonge guère, nous sommes massacrés ! »
[6415] La bataille fut grande et fort le péril jusqu’à tant que des assaillants les meilleurs furent épuisés, tellement qu’ils firent demi-tour, eux et leurs enseignes. Et ceux de la ville crient : « Toulouse ! qui a maté les orgueilleux[1]. Car la croix isolée[2] vient d’abreuver le lion [6420] de sang et de cervelles ; le rayon de l’étoile[3] a illuminé l’obscurité, et Prix et Parage recouvrent leur splendeur. »
- ↑ Ici un jeu de mots intraduisible : que los matz a matatz.
- ↑ La croix de Toulouse.
- ↑ Les armes des comtes de Toulouse portaient, outre la croix, une étoile et un croissant ; voy. Douët d’Arcq, Collection de sceaux, no 744.
famille de Simon, son frère et son fils aient été, l’un tué, l’autre blessé. Gui de Montfort, le frère, fut si peu tué qu’il reparaît encore plus loin à diverses reprises. Si on supposait que par ces mots : « Veus mort vostre fraire, » le poète a voulu indiquer seulement une blessure pouvant devenir mortelle, et qu’il a pris le G. de Montfort blessé pour le frère de Simon (comme la réd. en pr.), on aurait encore à se demander qui peut être ce fils blessé dont il n’a rien été dit jusqu’ici. Est-ce Amauri, le fils aîné, ou Gui le cadet ? En somme le poète nous rappelle ici, et rappellera de nouveau plus loin (v. 6463-6), que le frère et le fils de Simon ont été frappés, et le récit qui précède ne fait mention que de l’un des deux. Il se peut donc qu’il y ait une lacune en quelque endroit de ce récit.