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croisade contre les albigeois.

bon conseil ; [6660] pour son arrivée et pour celle du comte la confiance s’est doublée [dans Toulouse]. Alors vous auriez vu maints cierges allumés, des brandons, des chandelles où la clarté brille ; les timbres, les trompes, les tambours bien accordés font retentir la ville et l’allégresse s’en accroît. [6665] Au siége, là dehors, la rumeur s’est élevée, et tel cri et telle noise qu’il semble que ce soit une tempête ; l’ost en retentit et le comte s’est armé, et a dit aux autres : « N’ayez crainte ! » Puis il demande quelle est la cause de l’allégresse [6670] à laquelle se livrent les habitants, qui est venu à eux ? Robert de Beaumont[1] dit : « Sire comte, sachez que c’est, ce me semble, le comte de Foix qui est venu à leur secours ; et voulez-vous savoir qui il a en sa compagnie ? Maints chevaliers catalans, [6675] maints Aragonnais, et nombre d’autres encore. Dans la ville les citoyens prennent les armes ; et il vient d’arriver ainsi en secret pour vous livrer bataille, si vous les attendez ici. — Attendre ! » dit le comte, « vous m’estimez bien peu ! » [6680] Et en homme dur, habile, intrépide, prudent, il leur a dit à tous ensemble : « Écoutez ceci : Voici qu’est venu le terme, que le jour est arrivé, où je reprendrai Toulouse et reconquerrai mon honneur ; et si l’Espagne venait tout entière à un seul cri, [6685] ils auraient aussitôt bataille, si vous

  1. Le seul Robert de Beaumont sur lequel je rencontre une mention au commencement du xiiie siècle, est Robert, vicomte de Beaumont et de Sainte-Suzanne, qui en 1231 fait hommage au comte de Champagne. D. Villevieille, Trésor généalogique, Bibl. nat., Cabinet des titres, 114 bis. Faut-il l’identifier avec un « Robertus de Bello monte » qui, en 1231, servait dans l’armée du roi (Bouquet, XXI, 221 a) ?