Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1217]
353
croisade contre les albigeois.

condamné à porter [partout] le feu et la fureur, et à souffrir jusqu’au bout[1] ; et voilà pourquoi notre succès est bien aventuré. — Comte, » dit Gui de Lévi, « il est facile de dire ce qui en est : plus la perte s’accroît, et plus le trésor diminue. [6950] Ce siége ne fait que traîner en longueur. Vous ne sauriez tant entreprendre avec le secours de vos prêtres que vous n’y trouviez à faire pour dix ans. Mais, si vous m’en voulez croire, nous en finirons promptement. De grand matin, à l’heure où le tourrier sonne l’aube, [6955] ayez fait préparer tous vos chevaliers, et les vaillantes compagnies et tous les écuyers, les cors et les trompes et les porte-enseigne. L’hiver[2] est vif, dur, froid et noir, et les hommes [de la ville] seront au lit avec leurs femmes ; [6960] et tandis qu’ils demanderont leurs vêtements et leurs chausses, nous nous risquerons, nous et nos chevaux. Franchissons les passages, occupons les chemins, [allons] droit à la porte, tuons les portiers ; que par toute la ville commencent la lutte, [6965] le cri et la noise, l’incendie et le carnage, la mort et le glaive, le sang et la flamme, et que de nous ou d’eux ce soit le dernier jour, car une mort honorable vaut mieux que la misère[3] ! — Par Dieu ! Gui, » dit

  1. On pourrait aussi entendre portar (v. 6946) au sens de « supporter », mais cela serait en contradiction avec portar foc et aiga du v. 3350.
  2. P. de V.-C. dit que le lendemain de la Saint-Jean (25 juin) 1218, le siége durait depuis neuf mois environ (Bouq. 111 e, 112 a) ; il s’était donc prolongé pendant tout l’hiver de 1217 à 1218.
  3. Même idée qu’au v. 4663, où j’ai p.-ê. eu tort de traduire caitivier, au sens étymologique, par « captivité ». Cf. Mais val