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introduction, § viii.

faible de la seconde partie du poème. Le manque d’informations y est sensible. On ne voit donc pas pourquoi le continuateur aurait refait cette portion du récit s’il l’avait trouvée déjà rédigée. Il n’est pas impossible que G. de Tudèle ait repris la plume après la bataille de Muret, qu’il ait ajouté quelques pages à son œuvre ; mais ces pages seront restées par devers lui, elles n’auront pas été transcrites dans le ms. qui est venu aux mains du continuateur anonyme.

Je tiens donc que l’œuvre de G. de Tudèle s’arrête à la fin de la laisse CXXXI, au v. 2768 ; qu’il a existé de l’ouvrage en cet état un ms. au moins, que ce ms. est parvenu aux mains du poète anonyme qui a continué le récit à partir de ce point. Il me semble trouver une trace de l’existence de ce ms. contenant l’œuvre seule de G. de Tudèle, dans une particularité qu’offre notre unique ms. du poème. À la p. 70 de ce ms., exactement à l’endroit que je viens de déterminer, c’est-à-dire entre la tirade CXXXI, où s’arrête Guillem, et la tirade CXXXII, où commence le continuateur, on lit ces mots, de la même écriture que le reste, Pons escriva, qui sont barrés. Je suppose que ce Pons était un scribe qui, ayant copié le poème de G. de Tudèle, mit son nom au bas de sa copie. Ce nom aurait été ensuite reproduit, à cette place même, dans des copies successives du poème avec la continuation. C’est là une hypothèse qui n’est guère susceptible de démonstration, mais il n’est pourtant pas vraisemblable que ce nom de copiste se trouve par un pur hasard à l’endroit où finit la première partie et où commence la seconde.

VIII. Guillem de Tudèle : caractère et valeur de son récit.

Les circonstances de la composition étant, autant que possible, déterminées, nous avons maintenant à examiner