jusqu’à la découverte de documents nouveaux, la question de savoir quelle chanson d’Antioche a connue notre auteur.
Appartenant à l’Église, ayant pour protecteur un des alliés de Simon de Montfort, G. de Tudèle est décidément favorable à la croisade. Pour lui, Simon de Montfort est « preux et vaillant, hardi et belliqueux, sage et expérimenté, bon chevalier et large, preux et avenant[1] », etc. L’évêque Folquet « n’a pas son pareil en mérite[2] », et, ayant à mentionner son nom, il ajoute « puisse Dieu l’honorer[3] ! » À la suite du combat de Mongei, où le comte de Foix mit en déroute un parti de croisés, les vilains du pays tuèrent à coups de pierres ou de bâton tous ceux qu’ils purent atteindre ; sur quoi Guillem : « Si on pendait comme larrons ces vilains qui occient les croisés et les pillent, je le trouverais bon[4]. »
Mais, tout clerc et tout chanoine qu’il fût, G. de Tudèle n’a pas pour les adversaires de la croisade cette haine implacable qui se manifeste à chaque page de la chronique de Pierre de Vaux-Cernai. Sans doute, en principe, il devait considérer l’hérésie comme le crime le plus abominable, mais il n’était pas enclin à voir partout des hérétiques. Plus d’une fois il indique que des clercs, assurément non suspects d’hérésie, ont eu à souffrir de la croisade[5]. Lorsqu’il raconte quelqu’une de ces exécutions sauvages qui marquèrent chacune des étapes des croisés, on voit paraître, sous sa narration banale et terne, un sentiment de pitié véritable ; comme lorsqu’il raconte le siège de Béziers : « Ces fous ribauds