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croisade contre les albigeois.

Roches, « votre avis sera suivi : le comte sera épargné et échangé avec Foucaut[1]. »

[9305] Ainsi fut épargné le comte avec quatre autres barons, et aussitôt le cri et le tumulte s’élèvent : on court vers la ville avec les armes tranchantes, et alors commence le massacre et l’effroyable boucherie. Les barons, les dames, les petits enfants, [9310] les hommes, les femmes, dépouillés et nus, sont passés au fil de l’épée. Les chairs, le sang, les cervelles, les troncs, les membres, les corps ouverts et pourfendus, les foies, les courées, mis en morceaux, brisés, [9315] gisent par les places comme s’il en avait plu. Du sang répandu, la terre, le sol, la rive[2] sont rougis. Il ne reste homme ni femme jeune ou vieux : aucune créature n’échappe, à moins de s’être tenue cachée. [9320] La ville est détruite, le feu l’embrase[3]. Peu après le roi[4] se mit en marche pour aller à Toulouse.

CCXIII.

D’aller à Toulouse est venu désir au fils du roi de France, tellement que son héraut [9325] s’est placé en

  1. L’échange eut lieu après la levée du siége de Toulouse ; voy. Guill. de Puylaurens, fin du ch. XXXII. Le même historien rapporte (ch. XXXIII) que Foucaut et son frère Jean, ayant l’année suivante (1220) recommencé leurs ravages dans le Toulousain, furent de nouveau défaits et pris par le jeune comte, qui les fit décapiter en juste châtiment de leurs crimes.
  2. M. à m. « les marais ». Il s’agit sans doute des terrains has qui avoisinent la Garonne.
  3. Guill. le Breton (Bouquet XVII, 113 d) : « .....quam (Miromandam) cum eodem Amalrico ceperunt, et interfecerunt omnes municipes cum mulieribus et parvulis, omnes indigenas usque ad quinque milia. »
  4. C.-à-d., comme précédemment, le fils du roi.