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introduction, § ix.

le jeune prince français s’approchant avec son armée innombrable pour détruire la ville et en massacrer les habitants. « Mais, » dit-il, « la Vierge Marie les en défendra, elle qui selon le droit châtie les crimes, et puisse son sang bienveillant[1] nous protéger, car saint Sernin est leur guide, les conduit et les garde de crainte, et Dieu et droit et force et intelligence et le jeune comte leur défendront Toulouse. »

C’est sur ces paroles qu’il s’arrête, au moment où le siège allait être mis devant Toulouse (16 juin 1219), alors que six semaines plus tard il aurait pu célébrer le plus notable succès que le comte de Toulouse ait obtenu pendant cette guerre, la levée du siège et la retraite de la croisade.

Je pense que si le poème s’arrête à la veille du siège, c’est qu’il n’en a jamais été écrit davantage. Si le récit avait été poussé au delà, si les dernières pages nous manquaient pour n’avoir pas été copiées dans l’unique ms. du poème, il est à supposer que du moins la rédaction en prose laisserait paraître quelque chose de la fin que nous cherchons. Or il n’en est pas ainsi. À la vérité ce texte en prose pousse le récit du siège jusqu’au moment où il fut levé. Mais les quelques lignes consacrées à cet événement sont si vides, si dépourvues de précision qu’on ne doit pas hésiter à les attribuer à l’auteur de la mise en prose[2]. Celui-ci avait

  1. C.-à-d. son fils J.-C. ; mais ce sens n’est pas très satisfaisant. Voir aux Addit. et corr. la note sur I, 9573-5.
  2. Voici ces lignes dont on trouvera le texte à la p. 384 du t. I : « Adonc, quand ledit siège fut mis, on leur tira de la ville maint coup de pierrier et d’autres engins, tellement qu’ils n’osaient se trouver audit siège. Et adonc ils leur sont venus donner l’assaut ou fait semblant de le donner, mais ceux de ladite ville les ont reçus en telle forme et manière qu’ils s’estimèrent heureux de s’en retourner ; et tellement se défendirent depuis lors les