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introduction, § x.

auditeurs, et sans se préoccuper davantage de déterminer le lieu ni les circonstances, il nous fait immédiatement assister à un conseil tenu par le comte de Toulouse et ses plus fidèles vassaux. Le comte prend la parole, et nous apprend que le mouvement à la tête duquel il va se mettre a été combiné d’avance, que Toulouse l’attend, prête à lui ouvrir ses portes. En effet, là sont présents des envoyés de la ville qui pressent le comte de ne pas différer et se chargent d’aller annoncer à Toulouse sa prochaine arrivée.

La marche du comte sur Toulouse, à travers les combes et les grands bois sombres[1], le combat livré par Rogier Bernart contre un certain Joris, qui paraît avoir été un chef de partisans au service de la croisade[2][3][4], l’entrée du comte dans Toulouse, où il est reçu avec enthousiasme, sont autant de faits sur lesquels nous n’avons d’ailleurs aucun renseignement, mais que nous pouvons accepter avec pleine confiance, tant ils portent en eux-mêmes le caractère de l’authenticité. Ici comme dans les autres parties du poème, de simples détails, au premier abord insignifiants, montrent combien l’auteur est exact : non pas qu’il ait l’exactitude cherchée de l’érudit consciencieux qui n’épargne aucune recherche pour recueillir les faits et les présenter dans leurs circonstances de temps et de lieu, mais il a l’exactitude en quelque sorte naturelle du témoin qui reproduit des impressions toutes fraîches. Ainsi le poète nous dit que deux Toulousains, Ugo Joan et Raimon Bernier[5], allèrent au-devant du comte, comme il approchait de Tou-

  1. Tirade CLXXXI.
  2. V. 5570, 5575.
  3. V. 5790.
  4. V. 5795-814.
  5. V. 5835.