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BALLADE DE RÉSURRECTION


I



Le tombeau divin a germé
Et Pâques sonne aux cathédrales.
Autour du grand cierge allumé
L’encens déroule ses spirales,
Les vitraux diaprent les dalles,
Des alléluias éclatants
Volent de l’orgue ; à deux battants
La nef ouvre aux peuples sa porte.
Venez vous, Sauveur du vieux Tems,
Pour ressusciter l’âme morte ?


II


C’est le dieu renaissant, c’est Mai,
Libre des prisons hivernales,
Qui monte dans l’azur charmé
Parmi les roses triomphales.
Il a fait taire les rafales,
Son souffle a tiédi les antans,
Des prés en fleur aux nids chantants
Règne sa vertu douce et forte.
Que peut l’haleine du printems,
Pour ressusciter l’âme morte ?


III


Renouveau du cœur enflammé !
Les voici, les nuits nuptiales :
Partout l’espoir du bien-aimé
Rosit les candeurs virginales ;
Partout, aux brises matinales
Et sous les astres lactescent,
Un vague émoi trouble les sens,
L’air est plein de baisers. N’importe ;
Il n’est philtres assez puissants
Pour ressusciter l’âme morte.


envoi


Ô blanche reine de vingt ans,
Aux doux yeux, aux pensers constants,
À qui les anges font escorte,
Incline-toi, si tu l’entens,
Pour ressusciter l’âme morte.


GEORGE DONCIEUX.