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lignes, comment les Nippons rusèrent victorieusement les Britanniques.

« Alors le marquis Ito fut encore plus surpris ». — (après le télégramme mentionné plus haut) — « Il compris que le gouvernement ne pouvait revenir en arrière dans ses négociations avec l’Angleterre, et je réussis à le gagner au principe d’une alliance anglo-japonaise. Il fut convenu avec lui que sa visite en Russie ayant déjà été annoncée, il continuerait son voyage vers Saint-Pétersbourg et que je ne communiquerai aucune réponse de mon gouvernement sur le projet du traité anglais jusqu’à ce que j’eusse reçu des nouvelles du séjour du marquis dans la capitale russe. Et comme je pensais qu’il serait risqué d’adopter une tactique machiavélique dans une affaire aussi importante que l’alliance anglo-japonaise, je proposais deux alternatives au marquis Ito. La première était de conclure un traité avec la Grande-Bretagne, de l’informer de notre intention de signer une convention avec la Russie, puis de chercher à conclure cette convention. La seconde était de continuer les négociations avec la Grande-Bretagne, tandis que le marquis ne dirait rien à Saint-Pétersbourg d’une convention russo-japonaise, à moins que les hommes d’État russes lui en parlassent les premiers ; en ce cas, il se tirerait d’affaire le mieux qu’il pourrait. Le marquis se décida pour cette dernière alternative. »

« Le 20 novembre, je vis Lord Lansdowne qui me demanda quelle était la réponse de mon gouvernement. Il me dit que si elle se faisait trop attendre, il pourrait devenir difficile de conclure le traité ; car la nouvelle pourrait transpirer. Il me parla ensuite du voyage du marquis Ito en Russie et me prévint contre toute tentative de conclure une convention avec la Russie, tandis que les négociations avec l’Angleterre étaient en cours. Je lui répondis, qu’un traité d’alliance étant chose nouvelle pour le Japon, nous devions l’examiner très attentivement. Je l’assurai que le voyage du marquis Ito en Russie n’avait aucune signification particulière. Je fis observer qu’il ne pouvait venir à Londres à cause du mauvais temps » (! ?) — « Mais Lord Lansdowne me répliqua que le marquis Ito venait de traverser l’Atlantique avant d’arriver en France et que, s’il voyageait pour sa santé, il n’irait certainement pas en Russie. Il était clair que mes explications ne satisfaisaient pas Lord Lansdowne. Après l’avoir quitté, je rencontrai le Sous-secrétaire Bertie, qui parla plus ouvertement. Il me dit : « Si la nouvelle des négociations anglo-japonaises parvient aux oreilles des Russes, la Russie pourra vous aborder avec des propositions plus attrayantes et nos pourparlers seront bloqués. Je vous avertis que, cependant, les promesses. de la Russie seraient répudiées sans vergogne et je vous engage à être fort prudents. »

Pendant ce temps, le marquis Ito à Saint-Pétersbourg se tirait d’affaire le mieux qu’il pouvait. Il avait touché deux mots dans une conversation avec le comte Lamsdorf et le comte Witte, d’une politique de rapprochement entre la Russie et le Japon. Ils étaient tombés d’accord sur l’opportunité d’une convention russo-japonaise : liberté d’action du Japon en Corée. M. Matsoui, premier secrétaire de la Légation à Londres fut le courrier entre Pétersbourg et Londres.

Les Japonais étaient arrivés au point culminant de leurs intrigues et jugeant le moment opportun, le mikado dans un conseil d’empire avec les Genro, le conseil privé et le conseil des ministres faisait donner l’ordre par le marquis Komoura au baron Hayashi de négocier le plus rapidement possible avec l’Angleterre. C’est durant cette fin d’année 1901 et le commencement de 1902 que s’élabora définitivement la première alliance anglo-japonaise.

À la dernière minute, le baron Hayashi revint encore à la charge