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auprès du gouvernement britannique afin de faire participer l’Allemagne à cette alliance ! Devant les insistances du baron Hayashi, Lord Lansdowne fut obligé de lui faire savoir assez énergiquement que le traité d’alliance ne serait communiqué qu’après la signature, mais le télégramme arrivant trop tard à Tokio, selon Hayashi, le marquis Komoura en avait déjà fait communication au ministre d’Allemagne. D’après Hayashi, le prince de Bülow refusa par la suite d’entrer dans l’alliance.

Ce traité d’alliance fut le point de départ de la grande fortune du Japon. Il lui permit de vaincre la Russie en 1905 avec l’appui qui lui donna la Grande-Bretagne.

Officiellement, l’Angleterre s’abstint d’intervenir dans le conflit russo-japonais, mais les Nippons reçurent officieusement une aide effective si nous nous en rapportons à tous les bruits qui coururent sur cet appui qui fut plus que moral pour le Japon.

Renouvelé une première fois le 12 août 1905, au moment de la guerre russo-japonaise, puis une seconde le 30 juillet 1911, ce traité arrive à nouveau à son troisième terme le 30 juillet 1921.

Quelles seront les bases de ce nouveau traité ? Les situations politiques ont bien changé depuis la grande guerre et nous ne croyons guère que dans l’intérêt respectif des parties contractantes, l’accord puisse se faire sur les mêmes bases par un simple renouvellement tacite des stipulations de 1971.

Déjà, on manifeste de l’inquiétude aux Etats-Unis. La Chine a, elle-même, fait parvenir une note assez énergique au gouvernement britannique où elle lui fait part de son désir d’être consultée lorsqu’il s’agira de s’occuper d’elle et de ne plus la considérer comme une simple entité territoriale[1]. D’autre part, il ne faut pas non plus perdre de vue la situation critique dans laquelle se trouve la Grande-Bretagne ; le Japon pourrait bien profiter du gros embarras des Anglais en Orient avec la question de l’Islam pour tenter de desserrer les chaînes à son profit et ne plus être considéré comme le « Watch dog » de l’Angleterre en Extrême-Orient.

Il parait que nous sommes en paix ! Qu’il existe un pacte de la Société des Nations ! Et pourtant, les nuages s’amoncellent de tous côtés, en Orient, en Extrême-Orient ; déjà nous entendons le bruit sourd de l’orage qui se rapproche. Les grandes puissances, où soi- disant telles, seront-elles assez puissantes pour parer à ce nouveau danger qui menace le monde ? Nous en doutons fort !

Tant qu’il y aura des alliances, tant qu’une diplomatie secrète rusée ou grotesque (comme celle dont nous venons de lire un échantillon) servira d’instrument entre les mains : de-quelques individus pour gouverner, les destinées du monde il y aura toujours menace pour la paix. S.T.F.[2]

(1) Voir N°2 de « La Corée Libre », pages 46 et suivantes.

(2) La Grèce, nation de paille de l’impérialisme, porte la torche incendiaire sur les foyers mon encore éteints d’où éclata la terrible guerre de 194. La Société des Nations serait-elle une farce infâme jouée par le Conseil Suprême ? Nous avons peine à le croire ! Que l’on y prenne garde cependant ; il ne faut jamais pousser les peuples jusqu’à l’exaspération, car ce nouveau cataclysme, que l’on semble vouloir, pourrait bien ne plus être, cette fois, une guerre ! S.T.F.

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