Page:La Corée Libre, numéro 4 et 5, août-septembre 1920.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 113 —

V. — LA GUERRE CIVILE EN CHINE

Les Japonais ont encore été la cause de ce conflit intérieur de la Chine, mais nous croyons que cette fois cela a été salutaire pour la Chine puisque les éléments pro-japonais, c’est-à-dire les militaires et les membres Anfouistes ont été mis en échec.

Il est de notoriété publique que les nippons ont toujours entretenu l’état d’effervescence en Chine ; cela leur permettait, en effet, de pouvoir agir à leur guise dans ce vaste pays et surtout de garder le rôle de gendarme de l’Extrême-Asie que semble lui avoir concédé le reste du monde. Le Nippon est un gendarme-né !

Mais depuis que la Chine n’a pas signé, avec juste raison, le Traité de Versailles, les pro-Japonais soudoyés et payés par le Japon, se voyaient mis à l’index par toute la Chine patriote. Le maréchal Toan-Tchi-Joéi et ses partisans se trouvaient en mauvaise posture par la question du Chantong. Nous nous rappelons les émeutes de Pékin de l’an dernier, où les étudiants chinois ont mis à mal Tsao-Jou-Linn et Tchang comme responsables des Traités de 1915 et de 1918, signés sous la menace japonaise.

Depuis un an le Gouvernement de Tokio a tout tenté pour amener la Chine à négocier directement avec lui. Il avait, dans cette joute, le parti Anfou dans son jeu, et il escomptait bien remporter un succès semblable à celui de 1915.

Les Chinois patriotes et clairvoyants ne sont pas tombés dans le piège tendu par les Japonais.

Pourquoi des négociations directes, en catimini ? Puisque le Japon s’est engagé, dès le début des hostilités à rendre le Chantong à la Chine, engagement qu’il a constamment répété depuis ! Il n’y a lieu à aucune négociation qu’il rende purement et simplement le Chantong aux Chinois comme il s’y est engagé, c’est logique et c’est de droit !

Seulement le Japon a deux mains : dans l’une il détient le Chantong et dans l’autre il lui faut des négociations. Il lui faut renouveler une autre affaire de « 21 demande » ! Tout le problème est là pour lui, et les Chinois l’ont parfaitement compris.

La débâcle des Anfou n’est pas faite pour améliorer la situation nipponne en Chine et c’est tant mieux pour la Chine (S. T. F.).

VI. — LES JAPONAIS AU CHAN-TONG

Le Tchung Yen Pao, de Tientsin, dit que depuis que les Japonais ont pris le contrôle du chemin de fer de Kiao-Tchéou-Tsinan, les troupes stationnées le long de cette ligne et dans les différentes gares aussi bien, d’ailleurs, que les autres services sont tous tombés dans les mains des Japonais. Ces derniers usent de ce chemin de fer comme arme militaire alors que les Allemands n’en usaient que comme d’un moyen de commerce. Les passagers sont presque toujours maltraités. Il est fréquent que les passagers pour un oui, comme pour un non, non seulement sont brutalement frappés mais encore envoyés en geôle. Les habitants du Chantong, en général, appréhendent de voyager sur la ligne japonaise. Ceux qui veulent se rendre à Shanghai par mer, préfèrent prolonger leur route et passer par Tientsin plutôt que s’embarquer à Tsingtao.