Page:La Corée Libre, numéro 4 et 5, août-septembre 1920.djvu/10

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plus malins, ont vite compris le danger de faire le jeu du Japon, qui désirait simplement les mettre en avant, car en cas de succès les Japonais en profitaient et, en cas d’échec, ils pouvaient dire aux autres puissances : « Ce n’est pas nous, voyez comme les Chinois sont turbulents, ils veulent encore l’égalité des races ! » Toute la manœuvre était faite dans l’unique but de faire appuyer par les autres nations la cession du Chantong au Japon.

Mais étant allé trop loin dans la propagation de ces bruits, les Japonais furent tout de même obligés de faire une déclaration de forme sur la question raciale. À la séance plénière du 28 avril 1919, au Quai d’Orsay, le Baron Makino faisait solennellement cette piètre déclaration, qui devait foudroyante selon les échos, mais qui se termina piteusement en queue de poisson : « Nous n’insisterons pas, cependant, pour que l’on adopte notre proposition pour le moment ! » Alors ?

C’était une réelle farce, car on avait tout promis au Japon s’il se tenait bien tranquille durant toute la Conférence et surtout de faire chorus avec la majorité dans le Conseil des Cinq, et pour donner le change à l’opinion publique et aux témoins des négociations de la Conférence il lui fallut faire tout de même semblant de dire quelque chose afin de n’avoir pas l’air de faire la carpe durant toutes les séances plénières ; et le Japon fit, en effet, semblant de dire quelque chose le 28 août 1919 !

Le Japon ayant obtenu tout ce qu’il désirait de la Conférence de la Paix ; il a, cette fois, fermement l’intention, dit-on, de poser véhémentement la question à Genève. À moins que ce ne soit encore une manœuvre ! Toujours est-il, que la question soulève de grosses difficultés en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada et aux Etats-Unis.

Les Dominions Anglais font une forte pression sur le Gouvernement britannique pour le maintien de l’exclusion et pour la dénonciation du Traité d’alliance Anglo-Japonaise.

Sydney, 10 Août 1920. — Afin de combattre la propagande japonaise en faveur de l’égalité des races à la réunion de la Société des Nations en novembre prochain, le premier ministre Sam Hughes doit partir prochainement pour l’Angleterre. On croit que le Japon usera de sa, puissance de vote pour amener la Conférence de Genève en sa faveur. Les cercles gouvernementaux d’ici sont très inquiets. Hughes sera probablement accompagné d’autres fonctionnaires.

(Chicago Tribune, 12 Août 1920).

Louisville, 30 juillet 1920. — Le parlementaire Swope, du Kentucky, président de la sous-commission de l’immigration japonaise, déclare que les États-Unis ne doivent pas permettre aux races inassimilables d’envahir le Pacifique et les autres États.

Les Japonais entrent par l’Ouest par milliers, il y a plus de 100.000 Nippons en Californie.

(Chicago Tribune, 31 Juillet 1920).

D’après les enquêtes faites par Albert Johnson, président de la Commission d’Immigration à la Chambre des Représentants, les Japonais entreraient en fraude par la frontière du Mexique.

(New-York Herald, 7 Août 1920).