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Page:La Corée Libre, numéro 4 et 5, août-septembre 1920.djvu/27

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L’Opinion Étrangère


I. — LA DIPLOMATIE JAPONAISE

L’histoire diplomatique de nos temps compte beaucoup de pages honteuses. Il est cependant difficile d’y trouver quelque chose de comparable à l’action diplomatique du Japon pendant ces dix dernières années.

Il suffit, pour s’en rendre compte de rappeler l’annexion de la Corée en 1910, les fameuses 21 demandes présentées à la Chine en 1915 et enfin les négociations » qui sont actuellement menées à Vladivostock.

Pour « maintenir l’indépendance de la Corée sur un pied ferme » le Japon signe un Traité d’Alliance avec la Corée.

C’est en 1894.

Quatre ans après, dans un accord conclu avec la Russie, le Japon reconnaît de nouveau l’entière indépendance de la Corée et s’engage à s’abstenir de toute intervention dans les affaires intérieures de ce pays.

En 1902 comme en 1904 le Japon jure de respecter l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Empire Coréen.

Et c’est toujours pour protéger l’indépendance » de ce pays que le Japon conduit une guerre avec la Russie, ce qui ne l’empêche pas de déclarer officiellement en 1910, l’annexion de la Corée à l’Empire du Mikado, et depuis lors instituer le règne de la terreur et de la plus atroce sauvagerie.

C’est en Corée.

En Chine, profitant de ce que les alliés ont été absorbés par la guerre, le Japon, en violation de ses engagements formels, présente en 1915 les 21 demandes dont l’acceptation entière aurait définitivement placé la Chine sous le protectorat japonais. Toute l’histoire de ces négociations est trop connue pour qu’il soit nécessaire de rappeler les mensonges et la brutalité manifestés, à cette occasion, par la diplomatie japonaise.

Cependant si la conduite du Japon en Chine est honteuse, son action en Sibérie dépasse toute l’imagination.

Nous ne parlons même pas des actes de vandalisme de troupes japonaises lors du règne de Koltchak, vandalisme qui a fait naître la haine mortelle chez la population russe et le mépris chez tous les sujets alliés, civils comme militaires, qui virent la soldatesque japonaise à l’œuvre.

Ni Koltchak, ni la bande des atamans ne le cédaient en férocité aux Japonais ce qui pourrait être invoqué par ces derniers comme excuse de leur conduite.

Mais après ? Le régime de knout et de trahison s’est écroulé sous le dégoût universel et la Sibérie Orientale se ralliant, sans distinction de classes ni de partis, autour du gouvernement dur Zemstwo se mit à travailler fébrilement pour restaurer l’ordre et la paix si nécessaires pour réparer les blessures portées à la Russie par la campagne sacrilège des interventionnistes « russes ».

On croyait déjà que le cauchemar de l’intervention qui étouffait la Russie en perpétuant la guerre civile était bien passé et que le Japon, ne fût-ce que par l’exception, serait obligé de remplir ses engagements formels et de retirer ses troupes à la suite des alliés.

Et c’est au moment où la Sibérie affamée, ensanglantée, dévastée tendait tous ces efforts pour se rétablir que le Japon a voulu lui porter un coup mortel en déchaînant sa soldatesque.