Page:La Corée Libre, numéro 4 et 5, août-septembre 1920.djvu/37

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La Politique chinoise du Japon


Quelques phases secrètes
de la diplomatie japonaise durant la guerre

La rumeur dit que l’Alliance anglo-japonaise serait renouvelée. C’est plus qu’une rumeur, car le 13 juillet dernier, d’après les clauses de ce traité, signé ce même jour en 1911, notification aurait dû être faite par la Grande-Bretagne ou par le Japon. Aucune dénonciation n’ayant été effectuée par l’une ou l’autre de ces nations, l’Alliance continuera donc d’être en vigueur jusqu’au 13 juillet 1921, date qui marque la fin de ses dix années d’existence. Simultanément, chacun des deux gouvernements a envoyé une note au Secrétariat général de la Société des Nations, exprimant que les stipulations de ce traité, sont en parfaite harmonie avec les principes de la Ligue. Mais la Chine, dont les intérêts vitaux ont été très affectés par ce traité proteste qu’aucun arrangement politique concernant les affaires de Chine ne peut être conclu sans son propre consentement, comme cela eut lieu en 1905 et en 1911 ; devenue membre de la Société des Nations, l’intégrité et l’indépendance de la Chine sont garanties par les autres membres de la Ligue comme stipulé à l’article 10 du Pacte. Malgré toutes ces protestations, il semble que ce Traité d’alliance sera renouvelé ; l’existence d’une institution telle que la Société des Nations rend pourtant superflue la raison d’être d’un tel Traité. Lorsque ce Traité sera soumis au Secrétariat de la Société des Nations (en vertu de l’art. 18 du Pacte), il devra être examiné soigneusement afin de savoir s’il n’est pas devenu inapplicable » (art. 19), et il faudra considérer s’il « ne menace pas de troubler la paix ou la bonne entente entre nations dont dépend la paix » (art. 11). En fait, ce Traité va à l’encontre de la paix internationale et de la bonne entente. Malgré l’apparence de ses termes de self-restrictions, en ce qui concerne la Chine, son application a produit comme conséquence une extension territoriale des moins scrupuleuses de la part du Japon. Quoique l’on ne puisse accuser ce Traité comme seul responsable de la politique agressive poursuivie par les Nippons en Asie Orientale, néanmoins, il a donné au Japon un appui au moins moral, sinon directement diplomatique. Il lui a procuré (voir le second traité d’alliance de 1905) le moyen de conquérir la Corée « politiquement, militairement et économiquement » ; mais il n’en fut nullement question lorsque le Japon présenta ses « 21 demandes » à la Chine. Ce traité est donc, non seulement dans son esprit mais aussi dans ses conséquences matérielles directement contraire aux principes de la Société des Nations.

Quoi qu’il en soit, le Japon s’est engagé par ce traité « d’assurer l’Indépendance et l’Intégrité de la Chine, et de maintenir en Chine l’opportunité égale pour toutes les Nations en matières commerciales et industrielles ».