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Page:La Corée Libre, numéro 4 et 5, août-septembre 1920.djvu/8

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les Coréens, il faut s’attendre à de rudes collisions avec les Nippons Certes, continue ce journal, le Japon va essayer de dévorer la Russie, mais nous craignons qu’il ne l’avale pas facilement.

(Agence Na-Che-Pao. Pékin, 20 mai 1920).

Les Français se sont également alarmés.

Un article paru au « Japan Chronicle » rappelle que le bolchevisme d’abord impopulaire en Sibérie où le peuple pensait avec raison qu’on lui promettait plus qu’on ne lui donnait compta dès l’arrivée de Koltchak 95 partisans pour cent dans le bas peuple. Et le journaliste japonais ajoute : « À présent que l’amiral Koltchak et les alliés ont complètement bolchevisé la Sibérie, qu’avons-nous à faire ? La question intéressé au plus haut degré les Japonais qui ont en Sibérie une armée défendant la bonne cause… La presse, en général, n’approuve pas cette aventure et voudrait la voir abandonner à condition que le Japon en retire un profit palpable… Cependant, quelques-uns ont des idées plus arrêtées… Le Dr Tomidza sans désirer une agression, demande que le Japon puisse exploiter les forêts et les mines d’or avec le travail russe. Le seul principe immuable posé par le Dr Tomidza c’est que le Japon ne doit agir que dans ses propres intérêts »

Cet article éclaire d’une lumière particulière les événements de ces derniers mois.

Koltchar vaincu, le Japon ne perd pas de vue le but qu’il poursuit. Officiellement contre les bolcheviks, avec eux d’une manière occulte par l’intermédiaire de certains agents à sa solde ; ce que le Japon veut en plus de Sakhaline, de la Mandchourie et de la Corée, après la conquête économique de la Sibérie, après le Chantong chinois et le Kiao-Tchéou allemand pour couronner ses succès politiques et diplomatiques, ce que le Japon veut c’est la mainmise sur l’Extrême-Orient russe (quitte à s’adjoindre l’alliance allemande) et un peu plus tard la conquête de tout l’Est. Ne nous leurrons pas, nous restons toujours la proie convoitée. Dans quelques années, si la Métropole ne veille pas sur nous, le péril Jaune dont on a tant parlé ces derniers dix ans, sera devenu pour l’univers une réalité. Nous sommes l’un des plus puissants remparts contre l’envahissement de ces « Prussiens de l’Extrême-Orient ». Notre force brisée, le jeune impérialisme japonais aura fait un pas de géant vers l’accomplissement de ses rêves de conquête.

En vérité, l’Amérique a fait un mauvais calcul en dirigeant les ambitions de son rival vers la Sibérie. C’est pour lui le commencement d’exécution d’un plan qui dépasse d’un infini en hardiesse, ceux des Alexandre et des Napoléon, lesquels ne sont en comparaison que jeux d’enfants. Après avoir fait de la Russie un réservoir de richesses et de puissance, le Japon se tournera vers nous. Appuyé sur le Siam, le conquérant se jettera avidement sur le fruit de nos travaux, se servant à l’occasion, des colères que nous aurons maladroitement causées, des révoltes dont nous serons responsables, des haines que nous n’aurons pas su ou pas eu le courage d’empêcher.

Plus que jamais, par conséquent, nous devons contribuer à faire de la colonie le centre le plus prospère qui soit. Plus que jamais, nous devons nous unir autour de notre gouverneur afin de collaborer utilement à l’expansion française parmi les Annamites. Généreusement nous devons leur ouvrir nos crédits, leur faire confiance, les aider à conserver leurs traditions, à développer leur culture ; nous devons leur montrer par des actes que nous les respectons et que nous sommes prêts à les aider toujours ; les persuader que nous sommes à plus juste raison et mieux que quiconque leurs protecteurs et leurs amis.

Le plus sûr moyen de réagir contre la force japonaise en marche contre nous est de nous unir matériellement et moralement à nos frères annamites.

(La Tribune Indigène, Saïgon, 20 Avril 1920).