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nombre étoit assez considérable au seizième siècle, pour faire naître l’idée de former, du nom seul des Auteurs & du titre de leurs Écrits, un ouvrage non moins utile qu’intéressant.

Les Bibliothèques Françoises de La Croix du Maine, & de Duverdier, Sieur de Vauprivas, sont en ce genre le premier monument élevé à la gloire de la Littérature Françoise. Ces deux Auteurs, sans se connoître, & sans s’être communiqué leur dessein, conçurent le même projet, l’exécutèrent, & se disputèrent à l’envi le mérite & l’honneur de l’invention. Mais, sans examiner ici lequel des deux a eu le premier cette idée, nous devons également leur savoir gré de leur travail, & nous avouerons que si les Auteurs dont ils nous ont conservé les noms & indiqué les ouvrages, ne méritent pas tous l’espèce d’immortalité qu’ils leur ont procurée, ils en ont du moins parlé avec une impartialité digne d’éloge.

Pour peu qu’on jette les yeux sur les ouvrages des anciens Écrivains François, on voit quels obstacles ils eurent à vaincre, soit pour rendre leurs propres pensées, soit pour faire passer dans une langue encore au berceau les beautés de deux langues, dont le sort étoit fixé, & la supériorité reconnue depuis tant de siècles. Les modèles que l’Antiquité Grecque & Latine présentoit à ces premiers Littérateurs, devoient en même temps exciter en eux le sentiment de l’admiration, & celui du désespoir de les imiter ; mais le goût naissoit à mesure qu’ils les étudioient. La langue Françoise, timide, grossière, embarrassée, n’osoit