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semble qu’on ail dit Adverlii; en parlant d’une nouvelle désa^ivable, dans le sens où nous dirions aujourtl’liui tourner une nouvelle, lui donner une tournure proiue ;i en adoucii riuipression. <• Moult « esbaliys comment ils udvoii raient à Eslonne la « mort piteuse de sa compaigne Priande. " (l’ercef. Vol. IV, fol. ’itl, W- col. 1.) Ce même verbe signilloit plus souvent, par méta- phore, l’action de l’esprit (jui se tourne vers lesdif- férens objets de s(ui alteutidii, de ses pensées, ou de ses réilexions ; et l’on disoit advcrtir pour faire at- tention, penser, réfléchir, aviseï-, apercevoir avec les yeux de l’esprit. Jiigos vueiUez ci advcrtir. Ne faites mie coin l’yraingne, Qui ses fix lent, afin que praingne Mouclies pour soûler son venin. Les petis mouches met à fin, Si tost qu’iU viemient eu sa toile L’yraigne jà n’iert si hardie Qu’elle au gros mouche contredie. Eust. des cil. l’oés. -MSS. fol. 5Î1, col. 3. Qui a filles à marier, Il doit à son fait avertir Eust. des Ch. Pocs. IISS. fol. 333, col. t. Il étoit quelquefois réciproque. « Pas ne s’adver- « tissait de la malice que cil pensoit. » (Cbron. S- Denys, T. 1, fol. 5.) Les Bretons ont fait compaignie Pour aler en .lemaigne G le Seigneur de Coucy ; Mais puy se sont averti/ Qu"il fait plus doux en Champaigne. Eust. desCh. Pocs. MSS. fol. 195, col. 3. Le retour sur soi-même, une sérieuse réflexion sur ses fautes, doit exciter le repentir. Ainsi l’on a dit &advertir de ses maux, ou tout simplement s’advertir pour se repentir, faire un retour vers Dieu. Les coustres de leurs charrues, Avec les sochs en my les rues, Feray en gleves convertir, S’ilz ne se veulent advcrtir De leurs maul.K, etc. Eust. des Ch. Pofs. MSS. fol. i68, col. i. . . . j’aperçoy les grans destresses Qu’ilz aront, s’ilz ne s’adverlissent Briefment, et se convertissent. Id. ibid. fol. 479, col 3. Nous observerons que dans ces vers on pourroit encore expliquer s"ftf/i’fr//r par se détourner ; s’éloi- gner; du latin avertere. Voy. .vertir ci-après.) Le passage suivant sembleioit autoriser cette interprétation. . . . ilz se repentirent De leurs péchiez et advertirent ; Et crièrent aux Dieux mercy. Eust. des Ch. Poès. MSS. fol. 481, col. 4. Il arrive souvent que l’attention et la réflexion sont en quelque sorte involontaires, ([u’elles sont occasionnées par des avis, des conseils. Ainsi ad- verlir dans le sens li^uré qu’il conserve, signifie par métaphore tourner vers un objet l’esprit de quelqu’un, le faire penser à cet objet, l’y faire réflé- chir. ;Voy. AuvKiiTissEMKNT et Advkhty ci-a’pi-ès. C’est par une extension naturelle de la sii,’iiifica- tion propre û’advertir, tourner vers, que ce verbe s’est dit pour opposer, proprement tourner contre. Il est pris ligurémenl dans ce passage : « Se par » vous n’est à ces choses adverti et pourveu par " pitié et miséricorde. » (Eust. des Ch. Poës. mss. fol. 403, col. i. — Voy. Adveiiser ci-dessus.) Enfin du mot vérité qu’on écrivoil quelquefois verte, vreté, etc., l’on a fait advertir. dans le sens d’accomplir, effectuer, i)roprement rendre vrai. Seigneur, savés pour koi j’ai men habit cangié ? .l’ay esté aveuc feme, or revois (i) au Clergié. Or arerlirmj cou que j’ai pieçà songié. Ainçoi sui à vous tous venus prendre congié. Aoc. Pocs. Fr. MS. du Vatican, n* 1490, fol. 131, Rv Comme verbe neutre, il signifioit s’accomplir, s’elfectuer, devenir vrai. Les vers qui suivent sont, îi linéique légère difl’érence près, les mêmes que les précédens. Seignour, savez pourquoi j’ai mon abit changié ? J’ai esté avoec famé, or revois au Clergié. Or, avertira ce que j’ai piéga songié. Fabl. MS. du R. n- 7218, fol. 250, V col. 1. V.RIANTES : ADVERTIR. Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. H]S, col. i. AvERTiiî. Poës. à la suite du Rom. de Fauvel, MS du R n» G812, fol. -1, Ro col. 3. - Fabl. MS. du R. n’ 7218’ fol. 95, R» col. 1. Advertissement, siibst. masc. Avertissement, avis, conseil, instruction. Nous avons indiqué ci-dessus, sous l’article Advertir, l’origine de la signification figurée et subsistante de ce mot. C’est par analogie qu’on appelle encore en termede pratique. Avertissement, la première pièce pour l’instruction des Juges, qui est suivie de l’inventaire de production ; ou comme le définit Ragueau. « Un motif de fait ou de " droit, que la partie baille par écrit sur un inci- « dent ou débat survenu en la cause, ou après les « écritures principales, premières et secondes « additions: ou quand le différent est petit. -> (Laur. Gloss. du Dr. fr.) Cette définition semble con- venir à l’ancienne procédure. « En chastelet comme « en quelques autres jurisdictions, on use princi- •• paiement de deux manières d’eserire , ou par « interdicts et raporter l’enqueste, quand il est « question d’une cause personnelle gisant seule- « ment en faict ; ou par advertissement, quand la " cause consiste en faict et en droit, ou seulement " en driiit, soit action personnelle, hypotequaire. « petiloire ou possessoire. » ^Gr. Coutum. de Fr. Liv. m, p. 3-21, note.) Adverty, participe. Averti, conseillé, instruit. Signification figurée, dont on peut voir l’origine sous Advertir ci-dessus. (1) je retourne, mot à mot revais.