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qu’exprime mieux le mol tlépoiiiUe, <lonl nous nous servons aujourcriiui dans le même sens. C’est par une analogie tl’idc’es semblable à celle que nous avons remaniuéc ci-dessus, sous l’article ÂDVKsTiit, tu’.dv(’slun’ a passé de la si^înification propre à celle d’investiluie. « Convenances du « mariage deuemenl approuvées et vérifiées porle- « ront avesture, oires ([u’il n’y eust relief, pourveu « que les biens ne soient féodeaux. » (Coût. gén. T. II, p. 8GG.) YAIUANTES : ADVESTUUK. Cotgr. cl Bord. Dict. AvESTUHE. Coût. gén. T. II, p. 8G6. AvÊTURE. Nouv. Coul. gén. T. I, p. 36i. Adviaire, subst. masc. Idée, opinion, avis. Ce mot est le même qu’Anvis ci-dessous, pris dans le sens d’idée, opinion. Ouoii|u’ils diffèrent par la terminaison, ils ont tous deux la même origine, (^’oy. Vis et Vi.mre ci-après.) Lendemain l’autel dédia, Tout ensi com li devisa S’ Denise et son aiière. En l’ounour S’ Pol et S’ Pière. Ph. Mousk. .!S. p. 63. Dès que vieUars prend la pucelle, Et il ne puet tenir estière ; Si m’ait Diex, il m’est aviére Qu’il ont perdu tout leur soûlas. Ane. Poët. Fr. MSS, avant 1300, T. IV, p. 1312. VARIANTES : ADVUIRE Dispute du Juif et du Chrét. MS. de S’ Germ. fol. 108, R» col. 1. Avère. Fabl. MS. de S’ Germ. fol. 4.5, V» col. 2. AviÈRE. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 2i, V» col. 2. - Ane. Poët. Fr. JISS. av. 1300, T. IV, p. 1371. Advis, subst. masc. Vue, visée. Idée. Mémoire, imagination. Réflexion, délibération. Raison, esprit, jugeVient. Prudence, sagesse. Vue, dessein. Dis- position. Ce mot, composé de la préposition latine Ad et du substantif visiis, dont on a fait vis, vtie dans le sens propre ; au figuré visage, etc. a signifié de même que le mot Vis ci-après, la faculté par laquelle on voit les objets. Mais au moyen de la préposition qui y est réunie, il désigne’ en outre l’action de ces mêmes objets sur la vue. Ainsi lors- qu’on disoit « il luy sembloit advis que, etc. » c’est comme si l’on eut dit, « il sembloit à sa vue « que, etc. » en latin advisiiin. « La Royne un ■« songe... avoit faict... tel qu’il luy sembloit advis « que un sien petit passereau qu’elle nourrissoit, « s’envoloit autour de la maison assez lointain « espave (1). » (Rom. d’Alector. fol. 84, R°.) De là l’expression par avis, pour signifier en apparence. Un de nos anciens Auteurs apostrophe ainsi l’amour: « Haa! faux garson, qui congnois- « troit tes ruses,, paravanture se pourroit-il garder « de toy ; mais tout aveugle et enfant, tu si.’ais « desrober les volontez des personnes, lorsqu’ilz •’ en pensent le mieux joui’r, et présenter, /^ar «y/s, " liberté, lois(iue plus eslroitement tu encbaiuesel — captives les âmes. » ;D. l’iorès de Grèce, fol. i K’ — Voy. Froissarl, Vol. I, p. 273.) En considérant les idées comme des objets de réllexion offerts à la vue de l’esprit, on a pu dire figurément, Advis m’est, il m’est advis, ce m’est avis, etc. pour il me semble, il me paroit, je vois, je pense etc. !l{om. de la Rose, tibi suijvà ; — Rabe- lais, T. III, p. 2’i et 53; — Gloss. de Maiot; — Saintré, p. I7G, etc., etc.) .... si monstreray le deffault De sa mémoire, et comme il fault Qu’il recongnoisse son erreur. Pourquoy, mon redoubté Seigneur, Je dy, si comme il m’est advis, Qu’il n’est pas bien à son advis. Gace de la Bigac, des Déd. 118. fol. 8i, V’. Ces expressions, encore usitées parmi le peuple et dans plusieurs provinces, peuvent aussi être rap- portées à la signification ù’advis, idée, opinion, seiitiiiieiil. Nous remarquerons qu’elles n’empor- toient pas toujours une idée de doute; car Froissait, parlant de la démence de Charles VI, et de l’accou- chement de la Reine, événement qu’il ne pouvoit ignorer, s’exprime ainsi : » fut la maladie trop bien « celée et dissimulée devers la Royne... jusques à « tant qu’elle fut accouchée et rélevée, elle n’en « sceut riens ; et eut celle fois, ce m’est avis, une « fille. » (Froissart, Vol. IV, p. I«7.) Si ce mot a désigné quelquefois l’action des objets sur la vue, plus souvent il exprimoit le rap- po. t de la vue à ces mêmes objets. De là ces façons de parler, à mon advis, au mien avir, selon nÔstre avis, comme je vois, comme nous voyons. « Estoit « couvert, à mon avis, de velours cramoisv. » (Math, de Coucy, Ilist. de Charles VII, p. 6G7.) II vont en une chambre enjamble Por lui vestir, si con moi sanjjle ; Et n’i font el (2), au mien avir, Fors seulement que lui vestir. Parlcn. de Blois, MS. de S. Germ. fui. 103, R* col. 2. .... selonc le nostre a L i.s N’ont d’issir nule volenté. G. Guiart. JIS. fol. 267, V’. Veoiv d’avis, découvrir avec la vue. .... la gent veons essorée Joignant de ce bois à l’orée, Que nos povons veoir d’advis. Id. ibid. Guider par avis, juger avec la vue. . . . fais tes cheaux (3) mener Là où tu cuides par avis Que li cerf doie estre honniz. Fibl. MS. du R. n’TClô, T. II, fol. 163, V col. 2. « Cheminer selon advis de pavs ; à uedepa’is. «  Ilist. de Floridan, p. 700. — Saintré, T. III, p. 700.) Au figuré, « parler par advis de pays; » c’étoit parler d’une chose à vue de pais, d’après les pre- (1) égaré ; voir Du Cange à Espava, .Spaviœ. (x. E.) — (2) autre chose, de alium. — (S) Chiens ; voir Du Gange à Canis alaiius.