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On lit " faire plainte d'abandon, " pour requérir, demander le bénéfice de cession de biens ; (Laur. Gloss. du Droit Fr. - Voyez la Coutume de Hainault, au Cout. gén. Tom I. pag. 792,) et " mettre en droit, en loi et en abandon, " pour abandonner. " Ceste convenance a Mesire Willaumes devant dis créancée loiaument à tenir, et si en a mis totes ses coses en droit et en loi et en abandon, fors sen cors. " (Du Chesne, Gen. de Beth. Pr. p. 164, tit. de 1246.)

PROVERBE.

" Qui faict nopces et maison, et plaide à son Seigneur, il met le sien à bandon : " On lit dans le latin, Effundit nummos sumptibus immodicis. (Rec. de Prov. anc.)

VARIANTES :

ABANDON. Du Chesne, Gén. de Beth. Pr. p. 164, tit. de 1246. - Froiss. Vol. I, p. 22. - Corn. Mélite, act. 5, scène dernière.

HABANDON. Borel, pp. 197 et 165. - Al. Chartier, Poës. p. 730. - Ger. de Nev. 1re part. p. 63. - Percef. vol. IV, fol. 3, V° col. 1.

Abandonné, adj. Livré sans réserve. Prodigue, libéral, généreux.

On employoit en général le mot Abandonné pour livré sans réserve.

... de m'aimer n'ayez point de regret

Franc et loyal suis et abandonné.

Loyer des folles amours. p. 317.

" C'est ung homme de grant valeur, large, courtois, et habandonné en chevalerie. " (Le Jouvencel, fol. 32, R°.)

Ce mot se prenoit en bonne et en mauvaise part. Dans le sens de prodigue, on lit : " Je trouve deux manières de gens larges et abandonnés, les aucuns sont dissipateurs, etc. " (Les Triom. de la noble Dame, fol. 77.) " Le Seigneur d'Antre fut le plus large et abandonné de ses biens, qu'homme de son temps, et ne plaindoit nulle dépense. " (Mém. d'Ol. de la Marche. liv. I, p. 452.)

Dans le sens de libéral, généreux. Le Duc de Cleves " fut de soy un des beaux, des sages et des bien adrecez Prince de son temps, et le Roi Alphonse... fut large Prince, honorable et abandonné. " (Mém. d'Ol. de la Marche, liv. I, p. 330.)

VARIANTES :

ABANDONNÉ. Loyer des folles amours, p. 317.

HABANDONNÉ. Lanc. du Lac, T. II, fol. 29 R° col. 1.

Abandonnéement, adv. A l'abandon, sans réserve, à discrétion. Hardiment, librement.

(Voyez sur le premier sens le Dict. d'Oudin, au mot Abandonnéement.)

On tient plus cher la chose désirée

Que ce qu'on a à abandonnéement.

Anc. Poës. Fr. MS. du Vatic. n° 1522, fol. 160, R° col. 2.

" La barrière étoit ouverte et la porte aussi... Les Bretons... entrèrent dedans habandonnéement. " (Froiss. Vol. IV, p. 36.)

Par une extension de cette acception, l'on a dit Abandonnéement pour hardiment, librement, " Le Marchis demanda qui il étoit qui si habandonnéement rouvoit ouvrir la porte : Il dit qu'il étoit le Roy, qui etc. " (Contin. de G. de Tyr. Martène, tom. V, col. 628.)

VARIANTES :

ABANDONNÉEMENT. Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. II, p. 715.

ABANDONNÉMENT. Gloss. de Martène - R. Est. Dict.

HABANDONNÉEMENT. Froiss. Vol. IV, p. 36. - Percef. vol. II, fol. 140, verso, col. 2 ; vol. VI, fol. 97, verso, col. 1.

HABANDONNÉMENT. Lanc. du Lac. t. III, fol. 122, V° col. 1.

Abandonnement, subs. mas. Cession de biens.

On disoit être reçu à abandonnement être admis à céder ses biens, pour se délivrer de prison. On lit " jurer et accorder à non vouloir être reçu à abandonnement, " ce qui signifie la renonciation au bénéfice de cession. " Nul homme n'est tenu prisonnier pour debte de garde et commande, supposé qu'il ait juré et accordé à non vouloir estre reçu à abandonnement qu'il ne soit mis hors, s'il veult abandonner, ne le serment ne lui nuira, car autrement sembleroit qu'il fut obligé de mourir. " (Gr. Coutum. de Fr. liv. II, p. 124.) C'est-à-dire que le prisonnier détenu pour dette de garde et commande, doit être élargi, s'il offre de céder ses biens ; et quand même il auroit renoncé par serment au bénéfice de cession, son serment ne lui pourra être opposé.

Abandonner, verbe. Abandonner. Permettre.

Ce mot subsiste au premier sens, sous la première orthographe. On disoit dans le même sens habandonner et habanner : nous ne trouvons cependant l'orthographe habanner que dans le passage suivant, où elle paroit être une faute de copiste ou une abbréviation, pour habandonner. " Vouloient laisser l'oeuvre et tout habanner. " (Hist. de la Toison d'Or. T. I, fol. 43.)

Dans le sens de permettre, un ancien Poëte François, parlant des jeux qu'avoit permis le Roi Louis, dit :

... li Rois de France,

Par son grant sens et par souffrance,

A tous les jus abandonnés :

K'il veut c'on jut à la grieske,

....

A ju d'eskes, à ju de tables ;

Ces coses sont assés raisonables .

Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1368.

CONJUG. ANC.

Habandonniesmes, pour abandonnions. (Le Fevre de S. Remy, Hist. de Charles VI, p. 43.)

Abandonneur, subst. masc. Qui abandonne. (Oudin. Dict.)



(1) demandoit. — (2) On prononçoit raisnahles, qui se disoit aussi dans le même sens.