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Cout. gén. T. II, p. 601, col. 1.) Peut-être faudroit-il lire abestés ou abettés. (Voy. ABESTÉ ci-après.)


Abenevis, subst. masc. Espèce de contrat. (Voy. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abenevisum, col. 37.) Contrat pour jouir tant qu'il plaira, sans limitation de durée. Ce mot est visiblement formé du latin Benevis, pris substantivement, pour bon vouloir, bon plaisir ; de-là " à benevis, " à volonté, selon le bon plaisir ; par corruption en un seul mot Abenevis. " L'Abenevis dure toujours... Quand quelqu'un, par un temps immémorial, a joui des eaux d'un Seigneur, on tient dans le Lionnois que le Seigneur est obligé de lui donner... un abenevis sous une redevance qui emporte lods et ventes, dans le cas des aliénations. Abenevis, dans le Lionnois et les pays voisins, signifie donc en général toute concession qu'un Seigneur fait à quelqu'un sous quelque redevance ; mais particulièrement une concession d'eaux pour faire tourner des moulins, ou pour arroser des prez. " (Laurière Glossaire du Droit français au mot Benevis, p. 257, note.)


Abeneviser, verbe. Concéder. On lit dans Laurière : " Beneviser, Abeneviser, n'est autre chose que fixer, aborner, " (Gloss. du Dr. fr. au mot Benevis. - Voy. BENEVISER ci-après ; et ci-dessus ABENEVIS.) La signification que nous avons donnée à ce dernier mot, semble devoir étendre plus loin que ne fait Laurière, celle du verbe Abeneviser, qui en est formé.


Abenfans, subst. masc. plur. Arrière-petit-fils. De même qu'on a dit Abave, pour désigner le degré au-dessus de l'ave ou grand-père, le quatrième degré en remontant ; de même on a dit abenfans, pour désigner le quatrième degré en descendant, le degré au-dessous des petits-enfans. " Abenfans, qui est le quart-degré que les Clers appellent abneveux. " (Bouteille. Som. Rur. p. 466.)


Abengue, subst. Ce mot, dans le Cambresis, se dit d'un quart de denier ; c'est la moitié d'une obole, laquelle fait la moitié du denier. On trouve le mot Abengue dans un titre de l'Eglise de Cambray, du 20 Mars 1348, concernant la levée des impôts sur les boissons, qui m'a été communiqué par M. Mutte, Doyen de Cambray.


Abensté, subst. fem. Terme de Coutumes. Absence nécessaire ou forcée. " Observera, et lui enjoignons, et ordonnons d'observer le deuxiesme article, ou tiltre huictiesme de la reformation, touchant de point conceder inhibition au debteur convaincu par bannissement, abensté, ou autre conviction des Juges seculiers. " (Cout. du pays de Liége, au Cout. gén T. II, p. 975.) " Par vertu de quarte-mandement, bannissement et abensté exécutée par bannissement, on poldra demener les heritages, cens, rentes, etc.... des debteurs convaincus, et iceux biens saisir, etc. " (Ibid. p. 981.)


Aber, subst. masc. Embouchure d'une rivière. Mot Breton. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Haula, T. III, col. 1073, et Valois, Notit. Galliarum, au mot Francopolis. - Voy. aussi l'article ABBÉE ci-dessus.)


Abergeiss, subst. masc. Espèce de toupie. Le Duchat, dans ses notes sur Rabelais, dit que ce mot désigne une espèce de toupie dont les enfans s'amusent en Allemagne. (Rab. T. IV, Nouv. Prolog. p. 35.)


Aberhavre, subst. masc. Embouchure de fleuve. (Borel, Dict.) Ce mot est visiblement composé d'aber, qu'on vient de voir dans le sens d'embouchure, et de havre, port ; ainsi le mot Aberhavre paroîtroit signifier proprement les embouchures des fleuves qui forment un port.


Abeste, subst. masc. Amiante. Pierre qui se réduit en filamens assez souples pour être filés, et que le plus grand feu ne sauroit endommager. (Ménage, Dict. ubi supra.) C'est ce qu'exprime le mot Grec , Marbodus, en l'altérant un peu, en a fait un mot françois. Abèstos vient de la cuntrée D'Archade, ù el est trovée ; Ceste pierre a de for culur , etc. Marbodus, col. 1663. VARIANTES : ABESTE. Marbodus, col. 1663, art. 33. ABESTOS. Marbodus, ubi suprà. ASBESTE. Ménage, Dict. étym. au mot Amiante.


Abesté, adj. Qui a des bêtes, qui est à cheval. (Cotgr. Dict.) " Il ne vouloit loger que ceux qui estoient abestez, c'est-à-dire que ceux qui avoient des bêtes, et non les gens de pied. " (Bouchet Sérées. T. I, p. 419. - Voy. ABELLE, ci-dessus.)


Abester, verbe. Rendre bête, abrutir. Duper. Animer, exciter. Attaquer de front. Le sens propre est rendre bête, abrutir. " Est abesté le bonhomme, et paist l'herbe, et est transfiguré en une beste sans enchantement. " (Les 15 Joyes du mar. p. 116.) " Le deussent-ils garder de soy laisser ainsi abester. " (Ibid. p. 202. - Voy. ABESTIR ci-après.) De là on s'est servi de ce mot pour profiter de la bêtise de quelqu'un, le duper. Celles prannent sans rendre qui les musarz abestent. Chastie Musart, MS. de S. G. fol. 105, R° col. 3.

(1) où elle se trouve. — (2) couleur