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S'abonder à servir Dieu, c'est se livrer abondamment, c'est-à-dire entièrement à son service. Un de nos anciens Poëtes s'adresse ainsi à la Ste Vierge :

Proiez ton dous chier Fil qu'il me face si monde, Que des ore en avant à luy servir m'abonde.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 272, V° col. 2.

CONJUG.

Abonst, subj. Abonde. En latin abundet. (St Bern. Serm. f. MSS. p. 84.)

VARIANTES :

ABONDER. Orthog. subsist.

ABONDIR. Anc. Poës. fr. MS. du Vat. n°. 1490, fol. 56, R°. colonne 2.

HABONDER. Coquillart, p. 15. — Crétin, pp. 18, 36 et 253. — Molinet. p. 150.

HABUNDER, d'où Habundant ci-dessus. L'amant ressuscité page 108.

Abonnage

subst. masc. Sorte de convention. Droit d'abonnement.

Ce mot formé de bonne ou borne, de même que bonnage, bornage ci-après, terme collectif de bornes, limites, signifie proprement " apposition de bornes, abornement. " Par extension l'on a dit abonnage, pour désigner une sorte de convention par laquelle un Seigneur féodal borne ou fixe à une certaine redevance la jouissance d'un droit de pâturage, etc. ou l'affranchissement de quelques devoirs. " Nul sans droit ou abonage ne peut faire pasturer bestes en la Seigneurie de Meun. " (La Thaumass. Cout. de Berry, p. 388.) " Serfs ou Serfves abonnés, sont et demeurent quittes de la taille serfve, à volonté raisonnable seulement ; ou de ladicte taille serfve, bian et charroy ensemblement ; ou de la geline de coustume aussi, selon que plus ou moins il est accordé entre le Seigneur et le serf par le titre et instrument d'abonnage. " (Id. ibid. page 162.)

C'est aussi l'acte par lequel un vassal aliène ses rentes et devoirs hommagés, ou se borne à un devoir pour lui tenir lieu de l'hommage. (Voy. Lau. Gloss. du Dr. fr. et le mot ABONNEMENT ci-dessous.)

De là, ce mot a signifié le droit même qui se payoit en vertu d'un abonnage ou abonnement. Sully, faisant l'état sommaire de tous les droits et redevances dont étoient composés de son temps les revenus du Royaume, parle des " droits de voirie, foüages.... quaiages, boüades, vinages, abonnages, jaugeages, marques de cuirs, etc. " (Mém. T. X, p. 228.) La place qu'occupe ce mot dans le passage que nous citons, entre vinage et jaugeage, indique assez que ce n'est pas le même que BONNAGE ci-après.

VARIANTES :

ABONNAGE. La Thaumass. Cout. de Berry, p. 162.

ABONAGE. Id. ibid. p. 388.

ABORNAGE. Cotgr. Dict.

ABOURNAGE. Laur. Gloss. du Dr. fr. — Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abonagium.

Abonné

participe. Borné, limité. Evalué. Abonné. Taxé, accusé.

Le premier sens est le sens propre que ce mot conserve sous l'orthographe aborné : mais on ne diroit plus comme dans ces vers :

Mes Hues Chapet endementres Qui d'Orliens tint la Duchée, Fist tant, qui que l'eust vée , Qu'il fu du Regne couronnez Où son païs iert abornez.

G. Guiart, MS. fol. 147, R°.

De là, pour évalué, limité, borné à un certain prix ; ainsi l'on disoit : " Loyaux aydes abonnez. " (Cout. de Tours, art. 94.) Droit abbonni. (Cout. de la Roch. art. 4.) Devoirs abonnis. (Cout. de Poitou, art. 31, 106, 189.) Roucins de service abonnez. (Cout. de Tours, art. 95, 96, etc.) Queste abonnée. (Cout. de Bourb. art. 349.) Autrement " taille abonnée à la différence de celle qui s'impose à la volonté du Seigneur sur ses hommes et sujets, qui s'appelle queste-courant en la Coutume de la Marche. " (Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr.)

On a ensuite étendu la signification d'abonné, au vassal dont les devoirs étoient bornés et limités, d'accord avec le Seigneur, au payement d'une redevance fixe et certaine. De là, " homme et femme serfs abonnez : Musniers abonnez. " (Laur. Gloss. du Dr. fr.)

On employoit quelquefois ce mot comme substantif : " Les abonnez... sont ceux qui par une longue prescription et laps de temps, ou par des contrats, se sont abornez avec leurs Seigneurs à certaines tailles annuelles. " (Pasq. Rech, liv. IV, p. 333.) Cet Auteur ajoute " Si j'en estois creu, on les appelleroit abornez, non abonnez. " (Id. ibid. — Voy. SOUS-ABONNER ci-après.)

Nous lisons dans les Coutumes locales de Berry et de Lorris, que " outre les serfs et affranchis autrement bourgeois, il y a une tierce espèce d'hommes... qu'on appelle hommes abonnés, lesquels ne sont bourgeois ny affranchis ; aussi ne sont-ils serfs taillables à volonté raisonnable, pour être sujets à payer la taille serve par chacun an, mais sont neanmoins serfs abonnés, et mortaillables, et s'appellent abonnés ; parce que les droits annuels de la taille leur ont été abonnés, taxés et limités à certaines redevances annuelles, etc. " (La Thaumass. Cout. de Berry, p. 175.)

Ces serfs abonnés, sont probablement les mêmes que ceux qu'on appeloit gens de condition abosmez, dans la Coutume de Nevers. (Voy. ABOSMÉ ci-après.)

Enfin être abonné, en termes de fief, c'est être taxé à payer une certaine redevance. De là, on a dit par extension abonné pour taxé, accusé ; abonné de mort traîtreuse, pour " accusé de trahison qui mérite la mort. "

Li quens de Hollande et son filz De mort traitreuse abonnez, Furent cel an emprisonnez D'un Chevalier qui les haï.

G. Guiart, MS. fol. 232, R°.

(1) in dum inlmns, inlcrdum. — (2) défendue, empêchée. - (3) étoit.