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VARIANTES :

ABONNÉ. Laur. Gloss. du Dr. fr.

ABBONNÉ. Pasq. Rech. liv. IV, p. 333.

ABONI. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abonnati, col. 50.

ABONNI. Laur. Gloss. du Dr. fr.

ABORNÉ. G. Guiart, MS. fol. 147, R°.

ABOSNÉ. Cout. gén. T. I, p. 312.

Abonnement

subst. masc. Sorte de convention.

Le sens propre de ce mot, est le même que celui d'abonnage ci-dessus ; et c'est par extension qu'il a signifié figurément, une évaluation fixe d'une chose incertaine. Nous disons encore Abonnement dans ce sens. (Voy. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abonamentum, et Laur. Gloss. du Dr. fr.) De là, on disoit que l'arpent étoit l'Abbonnissement , l'évaluation du vol d'un chapon. (Cout. gén. T, I, p. 16.)

VARIANTES :

ABONNEMENT. Orthog. subsist. — Froissart, liv. III, page 157.

ABBONISSEMENT. Cout. gén. T. I, p. 16.

ABORNEMENT. Cotgr. Dict.

ABOURNEMENT. Du Cange, Gl. Lat. au mot Abonamentum.

Abonner

verbe. Borner, limiter. Evaluer, fixer. Aliéner. Contracter, s'engager, s'obliger. Viser, se buter.

La signification propre d'abonner, est la même que celle d'aborner, mettre des bornes ; et l'on disoit : abonner un Chasseur, pour borner, limiter le terrain sur lequel on lui accordoit le droit de chasse. Monet donne à cette expression une explication peu juste : c'est, selon lui, accorder à un Chasseur le droit de chasser dans ses bois.

Pasquier veut qu'on ait dit abonner par corruption, pour aborner. Ménage croit au contraire que le mot de bonne, étant très-ancien dans notre langue, l'on aura dit aborner au lieu d'abonner, et borne au lieu de bonne, dont ce verbe est formé. (Voy. son Dict. étym.)

On a employé figurément le sens propre d'abonner. De là, ces expressions : " abonner un roussin de service, " pour l'évaluer, en borner la valeur à un certain prix ; le réduire à prix honnête d'argent, en faveur du vassal qui le doit. (Monet, Dict.)

Abonner une quête, une taille, pour borner, limiter à certaine somme par an la taille qu'un Seigneur pouvoit imposer à sa volonté, aux serfs qui n'étoient pas abonnés. (Voy. ABONNÉ ci-dessus.) Monet dit que c'est " imposer la taille aux sujets, de leur bon gré, à la différence de celle qui s'impose à la discrétion du Seigneur, qui se nomme questecourant. "

Abonner un meunier, pour limiter un prix à la cession que le Seigneur lui fait du droit de moudre le blé de ses vassaux dans l'étendue de sa seigneurie. L'explication que Monet a donnée, ne rend point la signification d'abonner.

Abonner son vassal ou autre dans son fief, pour borner à un certain prix la valeur d'un droit que

le Seigneur lui cède, ou d'un devoir dont il l'affranchit ; selon Monet, pour l'accommoder, le privilégier de quelque droit ou exemption dans son fief, dans sa juridiction. Cette définition, dans Monet, n'est pas plus exacte que les autres.

Abonner homme et femme serfs, pour taxer, limiter à certaine somme annuelle, la taille qu'un Seigneur avoit droit de leur imposer, lorsqu'il n'y avoit point de contrat d'abonnement. (Voy. sous ABONNÉ ci-dessus.) C'est ce que Monet a voulu faire entendre par " affranchir moyennant le prix de l'affranchissement. "

Nous remarquerons que dans quelques Coutumes, abonner des rentes et devoirs homagez, c'est les borner et les fixer ; mais les borner et les fixer en les diminuant et les apetissant, pour user des termes de l'art. 208 de la Coutume d'Anjou. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr.)

Il y avoit alors aliénation dans ces sortes d'abonnemens. De là le mot abonner, pour aliéner, dans l'ancienne Coutume de Touraine. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr.)

En généralisant l'idée particulière de l'obligation résultante d'un contrat d'abonnement, on a dit s'abonnir, pour contracter en général, s'obliger, s'engager : C'est le sens que paroit offrir ce passage de Ph. Mouskes, dans lequel il s'agit du Testament du Roi Philippe-Auguste.

.... son grant trésor de pieres Préciouses, dignes et cieres, Si donna il à St Denis Vers qui il s'iert moult abonnis : Quar il iert ses om ; s'el devoit Avoiier, et il i avoit Pensée et cuer, etc.

Ph. Mousk. MS. pp. 639 et 640.

Nous ne parlerons point de la signification subsistante d'abonnir, qu'on trouve dans le Dict. de Cotgr. avec celle d'abonner.

Enfin s'abonner a signifié viser, se buter, s'attacher particulièrement à une chose, la regarder comme son but principal. C'est en ce sens qu'on lit :

A dire m'abonne.

G. Guiart, MS. fol. 9, V°.

Alors ce verbe vient du substantif bonne, pris dans le sens de but. On disoit encore :

Sur ceux o quiex ils s'abonnent.

Ibid. fol. 269, R°.

C'est-à-dire auxquels ils s'attachent, qu'ils choisissent pour but de leurs coups.

VARIANTES :

ABONNER. Orthog. subsist.

ABONNIR. Cotgr. Dict.

ABORNER. Pasq. Rech. liv. VIII, p. 754.

ABOURNER. Monet, Dict. — Laur. Gloss. du Dr. fr.

Abonneur

subst. masc. Acquéreur.

On vient de voir abonner pour aliéner. De là abonneur pour acquéreur. (Laur. Gloss. du Dr. fr. au mot Abonner.)

(1) l’abonnement.