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AB — 23 — AB


Abosmer

verbe. Abysmer.

Précipiter dans un abyme, c'est le sens propre de ce mot, que nos anciens Auteurs, les Poëtes surtout, employoient absolument et au figuré, pour exprimer la consternation, la douleur profonde dans laquelle un événement malheureux précipite, absorbe notre âme. " De quoy toute la Chevalerie fut abosmée et courouciée. " (Chron. fr. MS. de Nangis, an. 1339.)

.... ne sçait mais que il face Tant est dolens et abosmez.

Fabl. MS. de S. G. p. 387.

On disoit au même sens, " avoir le cuer abosmé. " (Ger. de Rouss. MS. p. 59.) De cuer estre abomé. (Id. p. 155, alias abomey.)

Ce mot, en se rapprochant de l'acception propre, s'est dit de soldats effrayés qui se précipitent, se renversent les uns sur les autres en fuyant :

... Richart et son père fuient Qui Dreues ardent et destruient. En plusieurs Viletes passant S'en vont à Gisors entassant Comme ceus cui paour abosme.

G. Guiart, MS. fol. 26, R°.

Nous n'oserions pas assurer qu'abosmer est le même qu'abysmer, si nous n'avions des preuves que l'o s'est mis quelquefois au lieu de l'i. Pour marinier, on disoit maronier. (Voy. l'article MARINIER ci-après.)

VARIANTES :

ABOSMER. Floire et Blancheflor, MS. de S. G. fol. 194, V°. col. 3. — Jaq. d'Ostun, anc. Poët. fr. MSS. avant 1300. T. II, p. 727.

ABOMER. Ger. de Rouss. MS. p. 155.

Abouchement

subst. masc. Entretien.

Ce mot qui subsiste, ne se diroit plus de l'entretien d'un Médecin avec son malade. " Ont au Medicin baillé advertissement particulier, des parolles, propous, abouchemens et confabulations, qu'il doict tenir avecques les malades de la part desquels seroit appellé. " (Rab. T. IV, Ep. déd. page 5.)

Aboucher

verbe. Tomber.

Ce mot formé de bouche, pris pour le visage, par une espèce de métonymie, signifie " tomber en devant, à bouchetons, " comme l'on disoit autrefois, proprement tomber la bouche, c'est-à-dire le visage, sur quelque chose.

Outre le gré des Frans et li Roys appressés Si que Seguins le fiert de son branc sur le yeaume Que le cercle rompit le large d'une paulmé. Le Roy tout esperdu, sur son arçon s'abouche.

Ger. de Rouss. MS. p. 166.

(Voy. ADENTER ci-après, pour Renverser, faire tomber sur les dents ; c'est-à-dire, le visage contre terre. — Voy. encore ABUCHEMENT et ABUSCER, ci-après.)

VARIANTES :

ABOUCHER (s'). Ger. de Rouss. MS, p. 166 al. s'Aboicher.

ABOICHER (s'). Id. ibid.

Abouchir

verbe. Boucher.

Les habitans de Chézal-Benoît, en vertu de Lettres patentes enregistrées le 15 Février 1638, peuvent avoir et prendre dans la forêt de Chaison " tout bois sec, mort et coupé avec le tranchant de la coignée ou scie seulement, et après que les usagers à bois vif ont couppé et abbatu aucuns arbres en leurs montres, le demeurant d'iceux appellé recouin ou rechaptes, prendre pour leur usage d'ardoir et faire paslis, et abouchir leurs cheseaux, pourvû que le demeurant soit sec. " (Reg. du Parlem. MSS. suppl. T. IV, fol. 151.)

Aboufé

adjectif. Essouflé.

C'est proprement le participe de Bouffer, souffler ci-après, précédé de l'a privatif.

La Borgoise se r'est assise Lès son Seignor, bien aboufée : Dame moult est afouée. Et si avez trop demoré.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 211, V°. col. 2.

Abourière

subst. fém. Espèce d'arbuste.

On pourroit croire que l'abourière est le même que l'arbousier, arbre qui devient d'une moyenne grandeur, et dont le bois est blanc ; si dans le passage que nous allons rapporter, il n'étoit pas mis au nombre des arbustes, comme genêts, épines, bruyères, etc., ce qu'on appelle encore bourriers en Bretagne : " mort-bois est bois non portant fruits quoique vif, autrement du blanc bois ; tel qu'est le bois de saulx, morsaulx, espines, suranne, ronces, aliers, abourières, genets, genèvre et semblables. " (Cout. de Gorze, au Nouv. Cout. gén. T. II, p. 1096, col. 2.)

Ce mot, qu'on peut regarder comme un dérivé de abor ou aubour, bois blanc en général, pourroit bien, s'il partage la signification du mot BOURRIER ci-après, partager aussi son étymologie.

Abourjonner

verbe. Bourgeonner, Boutonner.

Le même que BOURJONNER ci-après. (Voy. Cotgr. Dict.)

About.

subst. masc. Bout, extrémité. Héritage hypothéqué.

Ce mot, que Du Cange dérive de butum, bout, borne, limite, signifie proprement et en général, une extrémité qui confine avec une autre, spécialement les aboutissants d'un héritage : " Devoirs de loy, faits sur un ravestissement d'héritages entre deux conjoings, se peuvent faire en termes généraux, sans particulière spécification des héritages, et sans désignations d'abouts et tenans. " (Cout. gén. T. II, p. 849.)

On désignoit par abouts, les héritages sur lesquels on assignoit une hypothèque : De là, le mot about, employé fréquemment dans les anciennes Coutumes, pour signifier un héritage hypothéqué, un héritage affecté au payement d'une rente. " Est permis.... de

(1) que.