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Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/46

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AB — 22 — AB


Abor

subst. masc. Aubier. Espèce d'arbre.

Ce mot formé d'alburnum, suivant Ménage, Dict. étym., signifie proprement le bois tendre et blanchâtre qui est entre l'écorce et le corps de l'arbre : " le bois blanc qui est sous l'écorce d'un arbre, et qui couvre le bois dur. " (Laur. Gloss. du Dr. fr. — Voy. ALBIN et AUBEC ci-après.)

Par extension, l'Aubour s'est pris pour toute espèce de bois blanc, comme peuplier, saule, tilleul, etc. Cotgr. définit aubourt, une sorte d'arbre qu'on nomme en latin alburnus, et qui pousse des boutons longs et jaunes sur lesquels l'abeille ne s'arrête jamais. " Sanz pastore truis pastore avenant séant lès un aubour, mes mout ot poure atour, etc. " (Chans. fr. du 13e. siècle, MS. de Bouh. fol. 248. R°.)

Ce bois trop pliant, étoit peu propre à faire un arc ; et c'est par allusion à ce peu de valeur, qu'on a dit proverbialement :

Ne Henris de Misseleborc N'en r'ot vallant I. arc d'aubourc.

Ph. Mousk. MS. p. 811.

(Voy. AUBEAU ci-après.)

VARIANTES :

ABOR. Anc. Poët. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 493, V°.

AUBOR. Chans. MSS. du C. Thib. MS. Clairambaut.

AUBOUR. Chans. fr. du 13e siècle. MS. de Bouh. fol. 248, R°.

AUBOURC. Chans. MSS. du C. Thib. p. 59.

AUBOURT. Cotgr. Dict.

Abord

subst. masc. Rive.

Proprement avoir abords contre une rivière, c'est avoir des terres au bord d'une rivière. De là, ce mot, composé de la préposition a et de bord, pour signifier rive dans ce passage : " Est ordonné.... à un chascun ayans abords contre la grande rivière.... qu'ils ayent à les entretenir. " (Cout. de l'Angle au Nouv. Cout. gén. T. I, p. 312.)

Abordade

subst. fém. Action d'aborder. Arrivée.

Au premier sens, ce mot signifioit proprement l'action d'aborder à une côte, à un rivage ; et figurément, l'action d'aborder quelqu'un pour lui parler. (Dict. de Cotgr.) De là l'expression adverbiale et figurée, " de prime abordée ", pour " du premier abord " ; familièrement de prime abord, dans Rab. T. I, p. 213 ; " à la première abordade, " au même sens dans Favin, Théat. d'honn. T. I, p. 41.

Par extension de la signification propre, on a dit abordade et abordée, pour arrivée. (Cotgr. et Oudin, Dict.)

VARIANTES :

ABORDADE. Oudin, Dict.

ABORDÉE. Cotgr. Dict

Abordement

subst. masc. Action d'aborder, d'approcher. Environs, avenues.

Le premier sens est le sens propre ; on le trouve dans le Dict. d'Oudin.

Dans le second sens, abordement a signifié le lieu même où l'on aborde ; en parlant d'une ville, les environs, les avenues par lesquelles on s'en appro-

che. " Quiconque est Evêque dudit Thérouane.... est Seigneur.... de ladite ville.... et abordement d'icelle. " (Cout. gén. T. I, p. 647.)

Aborder

verbe.

Nous ne citons ce mot qui subsiste, que pour en remarquer l'époque et l'origine. Tahureau dit qu'il est emprunté des Italiens, et qu'il étoit nouveau de son temps. (Dialog. fol. 34, R°. et V°.)

On l'employoit quelquefois comme verbe réfléchi. De là, s'aborder à quelqu'un, pour l'aborder, l'accoster. " Chacun aussi des Princes print sa chacune, et chacun des gentilzhommes s'aborda à quelque Dame ou Damoiselle. " (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. I, p. 144.)

Aborener

verbe. Dédaigner.

Borel, qui cite le Roman de la Rose, MS. dérive ce mot du latin abhorrere.

Abortif

subst. Avorton. Forcé.

On lit au premier sens :

Gisant nus sans tombeau, je dis que l'abortif Est cent fois plus heureux que ce pauvre chetif Qui naist en vanité, et retourne en ténèbres,

Poës. de R. Belleau, T. I, p. 84.

Comme la naissance de l'avorton est forcée et contre nature, on a appliqué à ce qui étoit forcé et contre nature, le nom d'abortif. Ainsi l'on a nommé aborty l'enfant taillé hors le ventre de sa mère. (Bouteill. Som. Rur. p. 158.)

En étendant plus loin encore cette acception, l'on a donné le nom d'Abortif à des vers forcés.

Mes vers aussi ne sont point abortifs.

Jacq. Tahureau, p. 249.

VARIANTES :

ABORTIF. Poës. de R. Belleau, T. I, p. 84.

ABORTIX. Ordon. T. II. p. 533.

ABORTY. Bouteill. Som. Rur. p. 158.

Abosmé

participe. Abonné.

Laurière observe que Bosme, en Nivernois, signifie une borne. (Voy. ce mot.) Dans ce cas abosmé et aboumé, peuvent bien ne pas être des fautes dans la Coutume de Nevers, comme l'a cru l'Editeur, qui dans ses notes en marge, dit qu'il faut corriger abonné ou abourné. On y lit : " gens de condition abosmez, c'est-à-dire abournez à certaine taille. " (Laur. Gloss. du Dr. fr.) C'étoit des gens dont la taille, par accord fait avec leur Seigneur, étoit bornée, limitée à certaine somme annuelle. De là, l'expression, taille aboumée, par opposition à taille imposée ; celle que le Seigneur avoit droit de leur imposer à sa volonté. " Les hommes et femmes de condition servile, sont de poursuite ; qui est à dire qu'ils peuvent estre poursuys pour leur taille imposée.... ou aboumée, quelque part qu'ils aillent demeurer. " (Cout. de Nevers, au Cout. gén. T. I, p. 879. — Voy. ABOSNÉ sous ABONNÉ ci-dessus.)

VARIANTES :

ABOSMÉ. Laur. Gloss. du Dr. fr.

ABOUMÉ. Cout. gén. T. I, p. 879.