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AN — 453 — AN
variantes :
ANGOISSEUS. Fabl. MS. du R. no 7218, fol. 117, R° col. 2. — Ibid. fol. 250, R° col. 2. — Monet, Dict.
Angoissels. Borel, Dict. — Dict. de Trévoux.
Angoisseulx. Cretin, p. 38.
Angoisseux. J. Marot, page 69. — Vigil. de Charles VII, part. 1re, p. 64. — Sagesse de Charron, p. 302. — Nicot. Dict.
Angoissos. Anc. Poët. Fr. MSS. av. 1300. T. III, p. 1031.
Angousçous. Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 50, V° col. 2.
Angouseus. Ibid. fol. 63, R° col. 1.
Angousos. Ibid. fol. 51, V° col. 1.
Anguissous. Hist. de la Ste Croix, MS. p. 2.
Engoiseus. Rom. de Perceval, MS. de Berne, fol. 214, R°.
Engoisseux. Fabl. MS. de St Germ. fol. 2, V° col. 2.
Engoissex. Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 85, V° col. 2.

Angoisseusement, adv. Avec angoisse, avec douleur. Violemment. Extrêmement. On observera que la signification de l’adjectif angoisseus et de l’adverbe angoisseusement n’étoit pas moins générale que celle du verbe angoisser, souffrir, ou du substantif angoisse, souffrance. (Voy. ANGOISSER et ANGOISSE.) Peut-être faut-il lire engoisseusement au lieu d’engoisseurement, dans la Chron. MS. de G. de Nangis, an. 1335. La mesure exige qu’on lise angousseusement dans ces vers :

La bisse qui férue estoit,
Angoussement se plaignoit.
Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 48, V° col. 2.

Mout angousseusement se plaint.
Ibid. fol. 49, R° col. 1.

La flamme étroitement comprimée devient plus active et s’échappe avec une violence que l’adverbe angoisseusement paroit signifier dans ce passage : « Voit… dessoulz la chapelle une tumbe qui art si angoysseusement que le feu en volle… contre mont aussi hault comme une lance. » (Lanc. du Lac, T. II, fol. 7, R° col. 2.)

Dans un sens analogue, ce même adverbe désignoit figurément,

1o la violence d’une douleur extrême : « La nuvèle vint al Rei, e il en fud angussument mariz. » (Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 44.)

2o La violence d’un amour extrême.

. . . . Prist fame cortoise et sage,
Par le consoil de son lignage ;
Si l’ama angoiseussemant.
Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 65, R° col. 2.

variantes :
ANGOISSEUSEMENT. Fabl. MS. de St Germ. fol. 4, R° col. 3. — Cotgrave et Oudin, Dict.
Angouseusement. Fabl. MS. du R. no 7989, fo 50, R° col. 2.
Angoussement (corr. Angousseusement). Ibid. fol. 48, V°.
Angousseusement. Ibid. fol. 49, R° col. 1.
Angoysseusement. Lanc. du Lac, T. II, fol. 7, R° col. 2.
Angusceusement. Fabl. MS du R. no 7989, fol. 50, V° col. 1.
Angussument. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 44.
Engoiseussemant. Fabl. MS. de Berne, fol. 65, R° col. 2.
Engoisseurement. Chr. Fr. MS. de G. de Nangis, an 1335.
Engoisseusement. Fabl. MS. de Berne, no 354, fol. 61, V°.

Angoisseuseté, subst. fém. Angoisse, douleur extrême. (Voy. Cotgrave, Dict.)

Angoix, subst. masc. Extrémité, inquiétude extrême. Signification particulière et relative à l’acception générale d’angoisse. « Nous les avons finablement fait entendre la vérité ; et en tel peril et angoix avons-nous esté l’espace de huit mois entiers, tellement que jamais n’avons eu ferme espoir de victoire, etc. » (Lett. de Louis XII, p. 2.)

Angonaille, subst. fém. Bubon vénérien, ou pestilentiel. (Cotgrave, Dict.) Le mot angonaille, formé d’angonne, anguenne, semble être le même qu’enguinaille ; proprement aîne, en latin inguen. (Voyez ENGUINAILLE.) On soupçonne donc que par une espèce de métonymie, il a signifié bubon dans l’aîne. (Voy. Angonnage ci-dessous.)

Angonnage, subst. masc. Bubon dans l’aîne. (Voy. Angonne.) L’idée de souhaiter à Panurge « trois razes d’angonnages pour lui faire ung hault de chausses et nouvelle braguette, » est une de ces idées obscènes avec lesquelles Frère Jean des Entommeures étoit familiarisé. (Voyez Rabelais, T. IV, page 96. — Cotgrave Dict.)

Angonne, subst. fém. Aîne. La partie du corps humain qui est entre le haut de la cuisse et le bas-ventre. « Icelui Jehan fu blécié de son coustel en l’anguenne, ou en la cuisse. » (D. Carpentier, ubi supra, col. 211.) « En la cuisse senestre, en l’endroit de la angonne, ou coylion. » (Id. ibid. col. 210.) On croit que l’origine de ce mot est la même que celle d’inguine, engue en provençal, en latin inguen.

variantes :
ANGONNE. D. Carp. S. Gl. l. de D. Cange, au mot Anguinalia.
ANGUENNE. Id. ibid. col. 211.

Angous, adj. Étouffant, qui fait souffrir. Ce mot est vraisemblablement de même origine qu’angoisseus, angousous, etc. Dans une signification particulière, on a dit :

Moult parfaisoit angous et caut ;
Car li Solax estoit mout haut.
Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 62, V° col. 2.

Anguillade, subst. fém. Escourgée. Coups d’escourgée. Tromperie. Dans le sens propre, escourgée faite de peaux d’anguille ; par extension, escourgée faite de lanières de cuir ; en latin anguilla[1]. (Voy. Cotgrave et Oudin, Dict. — Ménage, Dict. étym. — Du Cange, Gloss. lat. T. I, au mot anguilla.) « Je le renvoyerois bien d’où il est venu, à grands coups d’anguillade, etc. » (Rabelais, T. V, p. 77.) Bailler l’anguillade a signifié donner des coups d’escourgées, fouetter avec des escourgées. « Luy bailla l’anguillade si bien que sa peau n’eust rien vallu à faire cornemuses. » (Rabelais, T. II. p. 259.) On dit aujourd’hui en ce sens, donner des anguillades ; expression que la lecture plus familière de Rabelais semble avoir renouvelée dans le XVIIe siècle[2]. En effet, Rob. Estienne, Nicot et Monet ont exclu de leurs dictionnaires le mot anguillade.

  1. Isidore de Séville nous apprend que la peau d’anguille servait à fouetter les enfans. (n. e.)
  2. On le trouve en effet dans les satires de Régnier et les contes de La Fontaine, (n. e.)