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mot Acceptance, le genre masculin, dans le passage qu’on vient de citer, parce que dans ce passage, ce mot se rapporte à l’homme ; et non parce qu’il attribue effectivement le genre masculin à ce mot. En Anglois, les pronoms possessifs empruntent le genre du nominatif du verbe. Les Anglois qui parlent notre langue, y transportent souvent cette règle de leur syntaxe. Nous faisons ici cette remarque une fois pour toutes.

Acceptaple,

adj. Agréable.

En latin acceptabilis, qui répond au mot Acceptaule, dans les Serm. de St Bern. ubi suprà.

Levres mouvoir sanz cuer à oroison, N’est pas à Dieu prenant ne acceptable.

Eust. des Ch. Poës. MS. fol. 251, col. 2.

Par cest essample voel retraire Cascuns doit sa proiere faire, Que à la gent ne soit nuisable Et que à Dieu soit aceptable.

Bestiaire, MS. du R. n° 7989. Baluze, 572, fable 55.

On lit dans un autre MS. de la même fable, agréable, au lieu d’aceptable.

(Voy. ACCEPTEUR ci-après.)

VARIANTES :

ACCEPTABLE. Orthog. subsist. - Gloss. du R. de la Rose.

ACCEPTAULE. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 21.

ACEPTABLE. Bestiaire, MS. du R. n° 7989, fable 55.

Accepter,

verbe. Accueillir.

Faire un bon accueil.

Venez à moy, vous tous qui par labeur Estes lassez et chargez de douleur ; Je suis celuy qui vous accepteray.

Les Marguerites de la Marguerite, fol. 20.

CONJUG.

Accept, participe passif. Accepté ; dans le sens subsistant du verbe Accepter. (Tenures de Littleton, fol. 79, V°.)

Accepteur,

subst. masc. Qui fait acception.

Qui considère l’un plus que l’autre ; qui se conduit avec partialité. (Voy. ACCEPTABLE ci-dessus.) " Les grâces de Dieu, ne se donnent point aux hommes pour leur noblesse ou richesses, mais selon qu’il plaist à sa bonté, qui n’est point accepteur de personne, lequel élit ce qu’il veut. " (Contes de la R. de Nav. T. I, p. 25.)

On lit dans J. Le Maire : " Pâris de Royal parentage (toutesfois sans Royal appareil)... n’est point accepteur de personnes ne sousteneur de querelles iniques. (Illustr. des Gaules, liv. I, p. 96.)

Acceptilation,

subst. fém. Terme de Droit.

C’est proprement la déclaration par laquelle on tenoit quitte son débiteur. Bouteiller dit : " Est la quittance que aucun faict de la dette, ou du convent qui luy estoit deu, et que le creancier clame quitte son detteur, et recognoissance que sa tête tient pour bien payé. " (Som. Rur. p. 347.)

Accés,

subst. masc. Subside.

On disoit du temps de Sully " Surcharger ses peuples de levées de gens de guerre, d’accès, impôts, tailles et tributs. " (Mém. T. XII, p. 478.) C’est la même chose qu’ACCISE ci-après. On lit dans Bouteiller, Som. Rur. p. 405 : " Comment treux, peages et Assès furent mis sus. " (Voy. le mot EXCÉS ci-après.)

VARIANTES :

ACCÉS. Mém. de Sully, T. XII, p. 478.

ASSÈS. Bouteill. Som. Rur. p. 405.

Accessadeur,

subst. masc. Celui qui tient à cens.

" Michiel d’Albaspeyras, Chapellain, Fermier ou Accessadeur du Priore d’Albinhac. " (Lettr. de 1416, Reg. 169, Chart. 320, citées par D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot Accessamentum.)

Accesseurs,

subst. masc. plur. Prédécesseurs.

Peut-être est-ce une faute pour ancesseurs, dans ce passage. " Paris fut fondé par les Troyans VIIIe IIII. XV. ans, avant l’incarnation de N. S. et illec habitrent, puis que leurs accesseurs se furent partis de Sycambre. XIIe LXX. ans. " (Traduct. de Boëce, par J. De Meung, MS. du R. n° 7355. fol. 106.)

Accession,

subst. fém. Addition. Acception, préférence.

On a dit au premier sens accession, pour addition, du mot latin accessio. (Voy. l’article ACCESSOIRE ci-après.) " Si pendant que l’oeuvre s’imprime, il m’en survient quelqu’un des oubliez, ou que l’on m’advertisse d’aucun nouvel ouvrage, nous ferons imprimer à la fin du livre une accession, où il sera mis. " (Du Verdier, Biblioth. Préf. p. 25.)

Ce mot est employé pour acception, préférence, dans le passage suivant ; peut-être par une faute de copiste :

En rendit le droit chascun Sanz faveur, sanz accession.

Eust. des Ch. Poës. MS. fol. 465, col. 3.

Accessoire,

subst. masc. et fém. Incident. Conjoncture. Embarras.

Ce substantif n’est proprement qu’un adjectif de tout genre, qui devient substantif par ellipse. (Voy. ci-après ACCESSORIE et ACESSOIRE.) Il paroît formé du verbe latin Accedere, arriver, approcher ; ou Accidere, arriver, survenir ; de là, il a été employé, comme terme de pratique, dans le sens d’Incident, point à débattre qui survient dans le cours d’un procès. " Pour oster les parties de long procès en plaidoiries, nous ordonnons que de quelconques accessoires qui seront proposez en la cour desdittes foires.... les gardes d’icelles foires pourront faire delaisser les parties sans icelles recevoir en Jugement. " (Ord. T. II, p. 312. - Voy. le gr. Cout. de Fr. liv. III, p. 296.)

Ce mot, qui, en ce sens, est très ancien dans notre langue, étoit quelquefois féminin, parce qu’alors on sous-entendoit les substantifs chose, affaire, etc.

On laisse tout le principal Pour venir à une Accessoire.

Eust. des Ch. Poës. MS. fol. 522, col. 2.

Dans la signification de Conjoncture, il exprime un état, une situation qui survient dans un cours d’événemens, d’affaires, et qui en dépend. " Les Italiens craignans de tomber au même accessoire qu’auparavant, si on élisoit un François, jettoient toutes leurs opinions sur un qui fust de leur nation. " (Pasq. Rech. liv. III, p. 231.)

Par extension, le mot accessoire, signifioit l’embarras né d’une conjoncture désavantageuse. " Je pense bien que... Monsieur de Bressuire fut en grand accessoire après cette lettre reçue. " (Brant. Cap. fr. T. I, p. 44.)

(1) promesse.