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Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/70

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AC — 46 — AC

aucuns droits de lods et ventes. " (Cout. de Berri, au Cout gén. T. II, p. 368.)

De là, l'auteur du Glossaire sur les coutumes de Beauvoisis, a défini le cens accordable, sens portant lods et ventes.

Le simple cens étoit celui dont la mutation ne devoit aucun droit au Seigneur censuel. " En la ville et septaine de Dun-le-Roy, cens sont simples et non accordables, s'il n'est qu'il soit ainsi dit et accordé par le bail, ou que l'on ait ainsi jouy par droit constitué ou prescrit. " (Cout. de Berri, au Cout. gén. ubi suprà.)

Accordablement,

adv. Unanimement.

Tout d un accord. " Dient les auteurs accordablement. " (Chron. fr. MS. de Nangis, sous l'an 1344.)

Accordance,

subst. fém. Accords, harmonie. Convenance, accord. Concorde, union. Convention.

Le premier sens est le sens propre. (Voy. CORDANCE. ci-après.) Chiron apprit à Achille :

Son de harbe et acordance.

Ovide, de Arte, MS. de S. G. fol. 93, R°, col. 2.

.... chantez en commune accordance.

Clém. Marot, p. 245.

Ce mot, de la signification propre et particulière d'harmonie, accord de plusieurs voix ou de plusieurs instrumens, a passé à la signification figurée d'accord, convenance. (Rob. Estienne, Dict.)

C'est en ce sens qu'il exprime un certain rapport d'humeur, qui lie, qui unit deux personnes, et qui fait qu'elles s'accordent ensemble :

Miex aim morir recordant ses beautez, Et son grant sens et sa douce acordance, Qu'estre sires de tot le mont clamez,

Chans. MSS. du C. Thib. p. 83.

(Voy. sous l'article ACCORDER ci-après.)

De là, passant de la cause à l'effet, on a dit acordance, pour union, concorde.

N'i avoit povoir discordance, Tant estoient d'une acordance.

Cleomades, MS. de Gaignat, fol. 55, V° col. 3.

(Voy. ACCORDISON ci-après.)

Enfin ce mot a signifié accord, convention. (Cotgr. Dict.) " Tretierent et firent une acordence de pès des altercations et des autres chouses, etc. " (Charte de 1289, citée par D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot accordia.)

C'est en ce même sens qu'à la fin d'une Ordonnance de Philippe le Bel, en date de 25 août 1302, nous lisons : " Cette commune accordance et pourveance signifiez à tous par cri général. " (Ord. T. I, p. 347.)

VARIANTES :

ACCORDANCE. Rob. Est. - Cotgr. Dict. - Marot, Gloss.

ACODDANCE. Athis, MS. fol. 17, R°, col. 1.

ACCORDANCE. Chans. MS. du C. Thib. p. 83.

ACORDENCE. D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot Accordia.

Accorde,

subst. fém. Réconciliation. Convenance. Convention, accord. Paix, union. Confédération. Droit seigneurial.

Comme on a dit accorder, pour réconcilier, on a dit aussi acorde, dans le sens de réconciliation. (Voy. ACCORDER ci-après, et ci-devant ACCORD.)

Les Elmes deslacièrent ; et desarment lor vis Par acorde se baisent, etc.

Guiteclin de Sassoigne, MS. de Gaignat. fol. 248, R° col. 2.

On vient de voir Accordance employé dans le sens général d'accord, convenance. De là le mot accorde, dans le sens spécial de convenance, rapport ou proportion qu'on doit mettre entre la punition d'une faute et la faute même.

Diex, je t'ai lonc tems méservi Se tu me rens à droite acorde Selon ce que j'ay déservi J'atent, et bien l'ai déservi, Jugement sans misericorde.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 203, V° col. 1.

Accord subsiste encore dans le sens de convention : L'on disoit dans ce même sens acorde.

Si avoient fet leur acorde

H. de Fr. en vers à la s. de Fauvel, MS. du R. n° 6812, fol. 79, R°. col. 3.

De là, ce mot s'est appliqué aux conventions particulières de paix. On lit trieves ou acordes, dans Guiart, MS. fol. 313, V°, et par extension, accorde a signifié la paix, qui résulte de ces mêmes conventions :

As deux Rois l'acorde queroit.

Ph. Mousk. MS. p. 517.

Pour mettre entre les Rois acorde.

G. Guiart, MS. fol. 52, R°.

On l'employoit aussi pour paix, union en général.

Seignor Diex aime pais et het forment discorde .... Or li deproions tuit par sa misericorde Qu'il veuille entre clers metre fine amoureuse acorde.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 253, R° col. 1.

L'idée d'union amène celle de confédération, alliance ; ainsi on a nommé acorde, l'alliance d'un Comte de Bretagne avec un Roi de France.

Li acorz de la Grant acorde.

Fabl. MS. du Recueil, n° 7615, T. II, fol. 186 R°, col, 2.

Enfin ce mot, comme terme de coutume, désignoit un droit seigneurial, une espèce de rachat, le même qu'ACCORDEMENT ci-après. (Voy. Gloss. sur le Cout. de Beauvoisis) " Si freres commungs ayant acquis héritages tenus en fief ou en cens, et payé le rachapt ou concord, veulent ensuite se départir, et il advient que le dict héritage ainsi acquis en ladicte communeaulté demeure à l'ung deux par ledict partaige, celluy à qui il demourra ne payera plus nulz accordes au maistre du cens, ne rachapt au maistre du fief. " (La Thaumass. Cout. de Berri, ch. CXLIX, p. 296 et 297.) Cette disposition est fondée sur le principe que " Pour partage lods et ventes ne sont deubs. " (Not. ibid. p. 297.)

(1) banlieue. - (2) visage.