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AC — 48 — AC


Accorge (j'), subj. prés. J'accorde. (Lanc. Du Lac. T. I, fol. 73, V° col. 1.)

Aquort (j'), ind. prés. Je consens. (H. de Fr. en vers, à la suite de Fauvel, MS. du R. n° 6812, fol. 76, V° col. 1.)

VARIANTES :

ACCORDER. Orthog. subsist. - Perard, Hist. de Bourg. p. 519 et 520, tit. de 1270.

ACCORDER. Jeh. de Lescur. Chans. fr. à la suite de Fauv. MS. du R. n° 6812, fol. 57, R°.

AQUORDER. H. de Fr. en vers, à la suite de Fauv. MS. du R. n° 6812, fol. 76, V° col. 1.

Accorné,

adjectif. Qui a des cornes. Battu avec un cor.

Le premier sens est le sens propre, et subsiste comme terme de blason. Animal accorné est un animal représenté avec ses cornes. " Pour cimier un chef naissant d'or accorné ou sommé de mesme, aislé de synople. " (La Colomb. Théat. d'Honn. T. I, p. 89. - Voy. CORNARD et autres composés du subst. Corne.)

Ce même mot se trouve employé pour battu avec un cor, dans le passage suivant, où en même temps on fait allusion à la première acception : " Comment, dit cellui qui avoit esté feru du cor, oncques cornart ne fut si acorné comme je suy. " (Modus et Racio, MS. fol. 146, V°.)

VARIANTES :

ACCORNÉ. La Colomb. Théat. d'honn. T. I, p. 89.

ACORNÉ. Modus et Racio, MS. fol. 146, V°. - La Colomb. Théat. d'honn. T. I, p. 89.

Accort,

adjeclif. Prévoyant, clairvoyant. Adroit, subtil. Civil, complaisant.

Ce mot paroit avoir été emprunté des Italiens, qui disent accorto, pour avisé d'entendement, clairvoyant, de bon esprit et jugement. (Voy. Nicot, Dict.) Pasquier, dans ses Lettres, T. I, p. 105, donne au mot accort la même origine et témoigne qu'il étoit encore nouveau de son temps.

Si les premiers malheurs de mes amours passées Ne m'eussent plus accort et plus sage rendu, etc.

Giles Durand, à la suite de Bonnef. p. 197.

En étendant cette première acception, l'on a dit accort, pour subtil, adroit, en parlant soit des personnes, soit des choses. " La plus fine, accorte et mieux disante Damoiselle qu'il estoit possible. " (Des Acc. Escr. Dijonn. p. 46. - Voy. ESCORT ci-après.)

Corneille a dit au même sens :

Son éloquence accorte enchaisnant avec grace L'excuse du silence à celle de l'audace.

P. Corn. Trag. d'Othon, T. IV, Ac. I, Scène I, p. 15.

Cette complaisance, cette politesse, qui savent plaire, supposent de la pénétration, de la finesse, de l'adresse. De là, on a dit accort, pour complaisant, civil, et ce mot n'est pas encore absolument hors d'usage en ce sens. On écrivoit autrefois accord. " M. Du Fouilloux, Gentilhomme autant accord et accompli qu'il s'en trouve, etc. " (Budé, des Ois. fol. 115, V°.)

VARIANTES :

ACCORT. Pasq. Rech. p. 662.

ACCORT. Budé, des Ois. fol. 115, V°.

ACORT. Tahureau, Dialog. p. 34.

Accortement,

adv. Subtilement, habilement, prudemment.

De l'Italien accortamente, qui signifie " adviséement et l'oeil au guet pour n'estre surprins.... industrieusement, ingénieusement et subtilement. " (Nicot, Dict. - Voy. aussi Monet et Cotgr. Dict.) L'usage de ce mot n'étoit pas encore trèsbien établi du temps de l'Auteur des Contes d'Eutrapel. (Voy. p. 477.)

Accortesse,

subst. fém. Finesse.

Subtilité d'esprit, de l'Italien Accortezza, qui dans le sens propre, signifie prévoyance, sagacité, prudence ; et selon Nicot, advisement, ou advis. (Voy. son Dict. au mot Accortesse.)

VARIANTES :

ACCORTESSE. Bibl. de Du Verdier, p. 290. - Monet, Dict.

ACCORTISE. Monet, Oudin et Cotgr. Dict.

Accoster,

verbe. Aborder, fréquenter. Appuyer. Mettre en parallèle. Braver.

Ce verbe, suivant Nicot, est imité de l'Italien, Accostare. Mais c'est plutôt un composé de la préposition A, réunie au verbe COSTÉER ci-après. Il signifie dans le sens propre se mettre à côté de quelqu'un, se ranger au costé de quelqu'un. De là les acceptions subsistantes : accoster, approcher quelqu'un, l'aborder ; " quelquefois prendre sa hantise et conversation ", le fréquenter. (Voy. Nicot, Dict.)

On a employé ce mot, même dans le sens générique d'aborder :

Quant à Douvre ne pot port prendre, Le lonc de la mer a siglé, Et le pays a acosté. A Toutenois rivage prist, Ne trouva qui l'y deffendist. A Essecestre vint poignant, etc.

Rom. du Brut, MS. fol. 39, V° col. 2.

On disoit aussi accoster, accoter, pour appuyer. (Nicot, Dict.) Proprement appuyer en mettant une chose à côté d'une autre pour la soutenir ; " apuier à côté. " (Monet, Dict. - Voy. ACOURTHER ci-après.)

De là, s'accôter, s'appuyer contre un arbre. (Nicot, Dict.) On trouve s'akeuter au même sens, dans ces vers :

Lors s'akeute de sor l'esclame . Si dist heures de Nostre-Dame.

Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LIX, col. 2.

(Voy. AQUENTER sous ACOUTER ci-après.)

Par une extension de ces significations, accostoyer a signifié mettre à côté avec quelque sorte de comparaison, de parallèle. " Enguerrand de Marigny, pendant sa faveur, avoit pris la hardiesse d'accostoyer sa statue de celle d'un Roy de

(1) banc.