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ACONCEVOIR. Rabelais, T. V, p. 185.

ACONSCEVOIR. Vigil. de Charles VII, Part. II, p. 50.

Aconché,

part. Plaisant.

Ce mot vient de l'Italien acconciato, qui signifie proprement orné, paré, etc. (Voy. CONCHE, Ajustement, Parure ci-après.)

De là, on a dit aconché, pour désigner ce qui est agréable, plaisant. C'est en ce sens qu'il se trouve dans les Contes d'Eutrapel, où il est question de la réponse d'un jeune Marchand à Auguste, auquel il ressembloit. L'Empereur lui ayant demandé si sa mère n'étoit jamais venue à Rome : " Répondit que non, fort accortement, comme il étoit gaillard et aconché, trop bien son père y être diverses fois venu marchander, etc. " (P. 477.)

Tahureau, dans ses Dialogues, met ce mot au nombre de ceux que le bel usage avoit nouvellement introduits et qui étoient entendus de peu de personnes.

Aconcueillir,

verbe. Assembler, ramasser.

Du verbe CONCUEILLIR ci-après. (D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Conciliare. - Voy. ACCUEILLIR ci-dessus.)

Acongneu,

participe. Reconnu. Connu.

Sur le premier sens, voy. Rom. du Brut, MS. de Bombarde, où le mot Aconneu répond dans mon exemplaire à l'orthographe Deconneu, qui paroît être une faute.

Ne vouldrent estrange home atraire, Ne d'estrange homme Seigneur faire ; Ains seroient tout viel chanu Qu'il l'eussent deconneu.

Rom. du Brut, MS. fol. 75, R° col. 2.

Dans le sens de Connu, la particule a est explétive. " Quant celui Chevalier fut acongneu ou païs, il se print à chasser aux lions, lui et ses gens. " (Joinville, p. 93. - Voy. ACONGNOISTRE ci-après.)

VARIANTES :

ACONGNEU. Joinville, p. 93.

ACONNEU. Rom. du Brut, MS. de Bombarde.

Acongnienture,

subst. fém. Sédiment, ordure.

C'est en ce sens que D. Carpentier explique ce mot dans une Charte de 1294 : " Que ilz ne mettent en la chandelle point d'empirement, comme acongnienture de chaudière ou rature d'estaux de boucheries. " Il soupçonne que ce mot pourroit être formé de l'ancien verbe Conchier, d'où l'on a fait conchieure. (Voy. D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Concagatus.)

Acongnoistre,

verbe, Connoître.

Du verbe CONGNOISTRE ci-après.

L'ung d'eulx s'aprocha du Maistre D'hostel et se fist acongnoistre, Disant qu'il lui enseigneroit Le hault, le bas marché, etc.

Repues franches à la suite de Villon, p. 18.

Aconsuivre,

verbe. Joindre, atteindre. Obtenir.

Selon Monet, ce verbe signifie proprement atteindre quelqu'un en cheminant. " Les prisonniers disoient n'avoir sçû.... quelle part on les conduisoit, ne que l'Empereur devoit venir les acconsuivre. " (Mém. de du Bellay, liv. VII, fol. 225, V°.) " Aconsuivit Liziart et le ferit. " (Ger. de Nevers, Part. II, p. 123. - Voy. ACONCEPVOIR ci-après.)

Ce verbe étoit quelquefois employé comme réciproque, se aconsuivirent, pour s'atteignirent. (Ibid. Part. II, p. 5, note de l'Éditeur.)

On disoit aussi proverbialement :

Tel va bien tost qu'on aconsuit.

Faifeu, p. 15.

De CONSUIVRE ci-après, l'on a fait acconsuivre par la réunion de la préposition latine ad. (Voy. Nicot, Dict. au mot acconsuyvre.)

Ce verbe, au figuré, signifioit obtenir, atteindre l'objet que l'on pousuivoit. Nous ne le trouvons en ce sens que dans le Dict. d'Oudin, sous l'orthographe Acconsuivre.

CONJUG.

Acconsuirent, prét. ind. Joignirent, atteignirent. (D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot Attendere 4.)

Aconceust. - Aconsceut, prét. ind. Joignit, atteignit. (D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Attendere 4.)

Aconsivent, ind. prés. Atteignent. (G. Guiart, MS. fol. 273, R°.)

Aconsui (J'), indic. prés. Je poursuis. (G. Guiart, MS. fol. 99.)

Aconsuîmes, prétér. ind. Atteignîmes. (Fabl. MS. du R. n° 7615, T. II, p. 187, V° col. 2.)

Aconsuiroit, imp. subj. Joindroit. (D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot Attendere 4.)

Aconsuy, prétér. ind. Atteignit. (Hist. de Fr. en vers, à la suite de Fauvel, MS. du R. n° 6812, fol. 88, V° col. 3.)

Acouseroit (lisez Aconseroit), imp. subj. Atteindroit. (Martene, Contin. de Guill. de Tyr, T. V, col. 597.)

VARIANTES :

ACONSUIVRE. Oudin, Dict.

ACCONSUIR. Gloss. de l'Hist, de Paris.

ACCONSUIVIR. Rabelais, T. V, p. 185, note 5.

ACCONSUYVRE. Nicot, Dict.

ACONSIEURRE. Fabl. MS. du R. n° 7615, T. II, fol. 163, V° col. 1.

ACONSIVRE. G. Guiart, MS. fol. 273, R°.

ACONSUIR. Thib. de Nav. Anc. Poët. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 58.

ACONSUIRE. G. Guiart, MS. fol. 354, V°.

ACONSUIVRE. Borel, Dict. - Hist. de B. Du Guesclin, par Ménard, p. 336.

ACONSUYVRE. Cotgr. Dict.

Aconte,

subst. masc. Compte. Rente, fermage. Conte, récit, discours.

Le premier sens est le même que celui d'ACCOMPT ci-dessus. " Si ascun Serjaunt die pour excepcion que il rendy son acounte à son Seigniour... ou à son attorné que ad ses roules et ses autres munimentz dount il duist acounte rendre, etc. " (Britton, des loix d'Anglet. fol. 70.)

On a dit : " ez accons de la Toussainct, " par ellipse, pour aux comptes qui se règlent aux fêtes de la Toussaints, " sont tenuz poïer e rendre audit Duc... dous mil livres de monaie corant ez termes qui ensuivent. I. ez acconz de la Toussainct prochaine... treys cens livres ; et ez prochains accons de Pasques ensuivant, dous cens livres ; e ensi par chescun an per les accons ensuivans, etc. " (Hist. de Bret. par Lobineau, preuv. col. 444, tit. de 1298.)

De là ce mot paroit s'être appliqué aux choses dont on compte, comme rentes, fermages : " Ceux qui par jugement de nostre Court sount comaundés à la prison pur arrérages de accountes, etc. " (Britton des Loix d'Anglet. fol. 73, R°. - Voy. ACCON ci-dessus.)

Nous ne trouvons Aconte au dernier sens, que sous cette orthographe :

Que vous feroie lonc aconte !

Dits de Baudoin de Condé, MS. de Gaignat, fol. 313, R° col. 3.

A grant joye l'en ont amené Tot droit à la sale le Conte. Puis ne firent pas lonc aconte.

Fabl. MS. de St Germ. fol. 59, R° col. 3.

C'est une extension de l'acception propre. (Voy. ACONTER ci-dessous, à la fin de l'article.)

VARIANTES :

ACONTE. Dits de Raudoin de Condé, MS. de Gaignat, fol. 315, R° col. 3.

ACCON. Histoire de Bret. par Lobineau, preuv. col. 444, tit. de 1298.

ACCOUNTE. Britton, des Loix d'Anglet. fol. 73, R°.

ACOUNTE. Id. ibid. fol. 70, R°.

Acontens,

adj. plur. Contens.

C'est la préposition a dans le sens de pour, réunie au mot contens. " Se tindrent... acontens du serement que le Roy leur avoit fait. " (Joinville, p. 73.) On lit apaié, dans la nouvelle édition.

Aconter,

verbe. Compter, passer en compte. Estimer, faire compte. Conter, raconter.

Les mots Compte et Conte, qui sont aujourd'hui si différens l'un de l'autre, avoient autrefois les mêmes acceptions. De là le verbe Aconter pris dans les deux significations d'Accompter ci-dessus.

On a dit, au premier sens :

Son escot bien li aconta Sa femme, ançois k'aler l'en laisce : Certes makeriax et envoisce Aront en I denier à plain, Ce dist, et II deniers au pain, C'est assés por lui et por son fil.

Fabl. MS. du Recueil, n° 7989, fol. 45, R° col, 1.

Nous trouvons Acouter avec la même signification dans l'Hist. de B. Du Guesclin, passim ; mais

(1) attorné doit être rapproché d’attorney en anglais moderne.