Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/129

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le grand homme d’État, avait fondé à Penn une école militaire où les enfants d’émigrés étaient élevés gratuitement. On y fit entrer Louis en 1796, et il y resta jusqu’en 1799.

Certes ce n’est pas moi qui méconnaîtrai les secours généreux reçus par les pensionnaires de l’école de Penn, mais il faut bien dire qu’après les avoir distribués largement, l’utilitaire Albion cherchait à en tirer son profit. À la fin du cours, les élèves étaient dirigés sur le ministère de la guerre, et là on leur offrait une commission d’officier dans l’armée anglaise. Dans un délai de vingt-quatre heures, il fallait opter entre ce brevet et le pavé de Londres. On proposa à mon père une place de sous-lieutenant d’artillerie, dans un régiment à Saint-Jean-d’Acre. Il refusa net et parvint à s’embarquer, quelques jours après, avec M. de Suzannet qui rentrait en France. Débarqués à l’île d’Houat[1], la vue d’un vaisseau anglais redoubla l’attention des canonnières françaises. Après avoir attendu en vain leur éloignement pendant huit jours, ils passèrent au travers dans une barque de pêcheurs au fond de laquelle ils étaient étendus, couverts de feuilles, et parvinrent ensuite au quartier général du

  1. Entre Belle-Ile et l’embouchure de la Vilaine.