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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/38

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matin il vint me voir, m’engagea à partir. Je ne me croyais pas en état. Alors pour s’en assurer, il me prit les deux mains, m’attira à lui doucement jusqu’à ce que je fusse sur mon séant. Alors, dans cette position, n’éprouvant que de la douleur, mais sans me trouver mal, il m’assura qu’il n’y avait plus aucun danger à craindre, qu’il me fallait vite abandonner un pays qui était sans ressources, me demanda de lui faire savoir de mes nouvelles à Trèves, fit attacher une grosse corde à chaque côté de ma voiture, afin d’empêcher qu’elle ne versât, en la retenant fortement du côté opposé à celui où elle pencherait. Cette précaution ne fut pas inutile. Saint-Jean montait un cheval à son maître ; il se portait en avant et nous attendait où son secours nous était nécessaire.

Nous fûmes dîner à Marche-en-Famine, pays bien nommé par la détresse où l’on s’y trouve en tout genre. La nuit nous surprit dans ce pays de loups. Saint-Jean était en avant pour nous faire préparer à souper et des lits. Il était tombé une si grande quantité de neige dans l’après-dîner que le chemin ne se distinguait plus des terres. Nous n’avions d’autre clarté que la blancheur de la neige. Le cocher fit aller la voiture dans un fossé. Il eut beau faire, il ne pouvait