Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/88

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de lui dire que le bruit était dans le monde que M. de Nemours était amoureux d’elle ; mais elle n’eut pas la force de le nommer. Elle sentit aussi de la honte de se vouloir servir d’une fausse raison, et de déguiser la vérité à un homme qui avait si bonne opinion d’elle.

Quelques jours après, le roi était chez la reine à l’heure du cercle ; l’on parla des horoscopes et des prédictions. Les opinions étaient partagées sur la croyance que l’on y devait donner. La reine y ajoutait beaucoup de foi : elle soutint qu’après tant de choses qui avaient été prédites, et que l’on avait vu arriver, on ne pouvait douter qu’il n’y eût quelque certitude dans cette science. D’autres soutenaient que, parmi ce nombre infini de prédictions, le peu qui se trouvaient véritables faisait bien voir que ce n’était qu’un effet du hasard.

J’ai eu autrefois beaucoup de curiosité pour l’avenir, dit le roi ; mais on m’a dit tant de choses fausses et si peu vraisemblables, que je suis demeuré convaincu que l’on ne peut rien savoir de véritable. Il y a quelques années qu’il vint ici un homme d’une grande réputation dans l’astrologie. Tout le monde l’alla voir : j’y allai comme les autres, mais sans lui dire qui j’étais, et je menai M. de Guise et Descars ; je les fis passer les premiers. L’astrologue néanmoins s’adressa d’abord à moi, comme s’il m’eût jugé le maître des autres : peut-être qu’il me connaissait ; cependant il me dit une chose qui ne me convenait pas s’il m’eût connu. Il me prédit que je serais tué en duel. Il dit ensuite à M. de Guise qu’il serait tué par derrière, et à Descars qu’il aurait la tête cassée d’un coup de pied de cheval. M. de