Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/24

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de la religion sur l’amour, que les derniers moments d’Adélaïde, mourant sur la cendre, et exhortant aux vertus austères du christianisme l’amant qu’elle a enfin sacrifié à son Dieu ! Cette catastrophe déchirante a fait le sujet de deux ouvrages en vers, et le sujet a fait la plus grande partie de ce qu’ils ont eu de succès. L’un est une héroïde de Dorat, l’autre est un drame de M. d’Arnaud, l’auteur des Épreuves du sentiment et des Délassements de l’homme sensible. On se rappellera que les deux autres femmes dont les ouvrages sont réunis dans cette collection, madame de la Fayette et madame de Fontaines, ont eu aussi cet honneur, qui n’en est pas toujours un bien grand, de fournir des sujets aux auteurs dramatiques.

On prétend que le Siège de Calais fut fait presque par gageure. On se plaignait, dans la société de madame de Tencin, de la marche uniforme des romans qui, pour la plupart, retracent l’origine et les progrès d’une passion que couronne la possession de l’objet aimé, et ne diffèrent entre eux que par la nature et le nombre des incidents qui retardent et amènent ce dénouement. Madame de Tencin promit d’en faire un qui commencerait par où les autres finissent. Elle tint parole. Madame de Granson et M. de Canaple, au moment où leur amour ne fait que de naître, se trouvent dans les bras l’un de l’autre par un concours fortuit de circonstances qui les trompent tous deux. La vérité se découvre aussitôt, et dès-lors le roman entier n’a pour but que d’amener madame de Granson à accorder de plein gré au comte de Canaple, une faveur qu’il n’avait due d’abord qu’au hasard. La cir-