Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/245

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avec beaucoup de vivacité ! De grâce, finissons cette conversation, lui dit-elle ; vos plaintes seraient injustes, et votre reconnaissance me donne trop de confusion. Quelle contrainte m’imposez-vous, madame, répliqua M. de Canaple ! Lisez du moins dans mon cœur, lisez ce que vous ne voulez pas entendre, et que je vous dirais avec tant de plaisir.

M. de Châlons, empressé de voir madame de Granson pour savoir des nouvelles de Mademoiselle de Mailly, entra dans la chambre dans ce même temps avec M. d’Arondel qu’il avait ramené. Le premier mouvement de madame de Granson fut de se lever pour sortir. Elle ne pouvait s’accoutumer à ce qu’elle avait fait, et aurait voulu se dérober à tous les yeux ; mais M. de Châlons la pria avec tant d’instance de rester, qu’elle fut forcée d’y consentir. Pour excuser peut-être la démarche qu’elle avait faite, elle se mit à lui raconter la douleur de mademoiselle de Mailly, lorsqu’elle l’avait reconnu.

Le plaisir d’être aimé, quelque sensible qu’il soit, ne l’emporte pas sur l’intérêt de ce qu’on aime. M. de Châlons ne vit, ne sentit que la peine de mademoiselle de Mailly. Il priait madame de Granson de ne pas différer un moment son retour à Calais. Elle se serait rendue avec joie à ce qu’il désirait ; mais il fallait la permission de la reine. Milord d’Arondel, sûr des bontés de cette princesse, se chargea de l’obtenir.

Tandis qu’il était allé la lui demander, M. de Châlons rendait compte à madame de Granson de ce qui le regardait, et lui apprenait les raisons qui avaient engagé M. de Canaple de voir mademoiselle de Mailly avec tant d’assiduité. Il ne devait rester aucun doute