Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/336

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mademoiselle, lui dit-il en s’approchant d’elle, et en lui parlant de façon à n’être pas entendu du reste de la compagnie, je prends la liberté de vous assurer, à mon tour, qu’elle ne vous a pas tout dit.

Mademoiselle d’Essei, qui ne voulait pas engager de conversation avec le marquis de la Valette, fit mine de ne l’avoir pas entendu, et sortit. On lui dit à la porte de mademoiselle de Magnelais, que M. le duc d’Hallwin s’était trouvé mal ; que sa fille était auprès de lui, et qu’on ne pouvait la voir. Mademoiselle d’Essei, que cette visite embarrassait, ne fut pas fâchée de s’en voir dispensée.

Aussitôt qu’elle fut seule avec madame de Polignac, elles convinrent qu’il ne fallait point différer de s’en retourner au Paraclet. Le mariage de mademoiselle de Magnelais devenait une nouvelle raison pour mademoiselle d’Essei de s’éloigner ; aussi reprit-elle, dès le lendemain, la route de son couvent. Madame de Polignac fut chargée de donner un prétexte à ce prompt départ.

Les soins du comte de Blanchefort suivirent mademoiselle d’Essei dans sa retraite : il ne laissait presque passer aucun jour sans lui donner des marques de son amour. Elle en était touchée, et n’y était point sensible : l’idée du marquis de la Valette l’occupait malgré elle : elle se rappelait le discours qu’il lui avait tenu la dernière fois qu’il l’avait vue : il lui venait alors dans l’esprit que mademoiselle de Magnelais n’en était pas aussi aimée qu’elle le croyait. Eh ! pourquoi, disait-elle, examiner si elle est aimée, ou si elle ne l’est pas ? voudrais-je conserver des prétentions sur le cœur de son