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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/107

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LIVRE TROISIÉME.


IX.
LE LOUP ET LA CICOGNE.



Les Loups mangent gloutonnement.
Un Loup donc estant de frairie,
Se pressa, dit-on, tellement,
Qu’il en pensa perdre la vie.
Un os luy demeura bien avant au gosier.
De bon-heur pour ce Loup qui ne pouvoit crier,
Prés de là passe une Cicogne.
Il lui fait signe, elle accourt.
Voila l’Operatrice aussi-tost en besogne.
Elle retira l’os ; puis pour un si bon tour
Elle demanda son salaire.
Vostre salaire ? dit le Loup :
Vous riez, ma bonne commere.
Quoy, ce n’est pas encor beaucoup
D’avoir de mon gosier retiré vostre cou ?
Allez, vous estes une ingratte ;
Ne tombez jamais sous ma patte.




X.
LE LION ABATTU PAR L’HOMME.



On exposoit une peinture
Où l’Artisan avoit tracé
Un Lion d’immense stature
Par un seul homme terracé.