Aller au contenu

Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
LIVRE QUATRIÉME.

Plus je te remplissois, plus mes mains estoient vuides :
J’ay bien fait de changer de ton.




IX.
LE GEAY PARÉ DES PLUMES
DU PAN.



Un Pan muoit ; un Geay prit son plumage ;
Puis apres se l’accommoda ;
Puis parmy d’autres Pans tout fier se panada,
Croyant estre un beau personnage.
Quelqu’un le reconnût ; il se vit bafoüé,
Berné, sifflé, mocqué, joüé.
Et par Messieurs les Pans plumé d’estrange sorte :
Mesme vers ses pareils s’estant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.
Il est assez de Geais à deux pieds comme luy,
Qui se parent souvent des dépoüilles d’autruy,
Et que l’on nomme plagiaires.
Je m’en tais ; et ne veux leur causer nul ennuy ;
Ce ne sont pas là mes affaires.




X.
LE CHAMEAU, ET LES BASTONS
FLOTANS[1].



Le premier qui vid un Chameau
S’enfuit à cét objet nouveau ;
Le second approcha ; le troisième osa faire
Un licou pour le Dromadaire.

  1. Voyez ci-dessus, p. 35.