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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/131

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LIVRE QUATRIÉME.

Il m’a toûjours semblé d’une energie extrême.
Mais afin d’en venir au dessein que j’ay pris :
Un Rat plein d’en-bon-point, gras, et des mieux nourris,
’ Et qui ne connoissoit l’Advent ny le Carême,
Sur le bord d’un marest égayoit ses esprits.
Une Grenoüille approche, et luy dit en sa langue :
Venez me voir chez moy ; je vous feray festin.
Messire Rat promit soudain :
Il n’estoit pas besoin de plus longue harangue.
Elle allegua pourtant les delices du bain,
La curiosité, le plaisir du voyage,
Çent raretez à voir le long du marécage :
Un jour il conteroit à ses petits enfans
Les beautez de ces lieux, les mœurs des habitans,
Et le gouvernement de la chose publique
Aquatique.
Un point sans plus tenoit le galand empêché :
Il nâgeoit quelque peu, mais il faloit de l’aide.
La Grenoüille à cela trouve un tres-bon remede.
Le Rat fut à son pied par la pate attaché ;
Un brin de jonc en fit l’affaire.
Dans le marest entrez, nostre bonne commere
S’efforce de tirer son hoste au fond de l’eau,
Contre le droit des gens, contre la foy jurée ;
Pretend qu’elle en fera gorge chaude et curée ;
(C’estoit a son avis un excellent morceau.)
Déja dans son esprit la galande le croque.
Il atteste les Dieux ; la perfide s’en moque.

    maistre Blaise et luy compta la maniere de ceste table, & comme vng des grans seigneurs du pays dict au roy que Merlin auoit esté tue en vng boys en guise d’homme sauluaige et comme le seigneur sassist au lieu vuide la table et incontinent quil eut les piedz soubz la table il fondit en abisme et len ne sceut quil deuint.
    Borel rapporte dans son Dictionnaire des termes du vieux françois, au mot guiller, un proverbe albigeois qui a grand rapport avec celui que nous a conservé La Fontaine : Tal penso guilla Guillot, que Guillot lou guille.