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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/230

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FABLES CHOISIES.

En dit quatre, et raconte à l’oreille le fait,
Precaution peu necessaire,
Car ce n’estoit plus un secret.
Comme le nombre d’œufs, grace à la renommée,
De bouche en bouche alloit croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montoient à plus d’un cent.




VII.
LE CHIEN QUI PORTE A SON COU
LE DISNÉ DE SON MAISTRE[1].



Nous n’avons pas les yeux à l’épreuve des belles,
Ny les mains à celle de l’or :
Peu de gens gardent un tresor
Avec des soins assez fidelles.

  1. Brossette écrit de Lyon à Boileau, le 21 décembre 1706, au sujet de cette fable : « Le sujet en est tiré d’une des lettres de M. Sorbière, qui assure que l’aventure décrite dans cette fable, étoit arrivée à Londres, du temps qu’il y étoit. Avant que La Fontaine composât sa Fable, M. de Puget avoit déjà mis ce sujet en vers pour faire allusion à la mauvaise administration des deniers publics dont on accusoit nos Magistrats. La Fontaine étant venu à Lyon chez un riche banquier de ses amis, il y voyoit souvent M. de Puget qui lui montra la Fable qu’il avoit composée. La Fontaine en approuva fort l’idée et mit ce même sujet en vers à sa manière. » Brossette donne la Fable de M. de Puget intitulée : Le chien politique. Nous nous contenterons d’en reproduire les quatre derniers vers, qu’il est intéressant de comparer à la fin de la fable de La Fontaine :

    Ainsi dans les emplois que fournit la cité
    Tel des deniers publics veut faire un bon usage,
    Qui d’abord des pillards retient l’avidité,
    Mais après s’humanise et prend part au pillage.

    (Correspondance entre Boileau et Brossette, Paris, Techner, 1858, p. 234-236.)