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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/251

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LIVRE HUITIÉME.

A Tisyphone et Mégere
Il préfera, ce dit-on,
L’impitoyable Alecton.
Ce choix la rendit si fiere,
Qu’elle jura par Pluton
Que toute l’engeance humaine
Seroit bien-tost du domaine
Des Deïtez de la bas.
Jupiter n’approuva pas
Le serment de l’Eumenide.
Il la renvoye, et pourtant
Il lance un foudre à l’instant
Sur certain peuple perfide.
Le tonnerre ayant pour guide
Le pere mesme de ceux
Qu’il menaçoit de ses feux,
Se contenta de leur crainte ;
Il n’embraza que l’enceinte
D’un desert inhabité.
Tout pere frape à costé.
Qu’arriva-t-il ? nostre engeance
Prit pied sur cette indulgence.
Tout l’Olympe s’en plaignit ;
Et l’assembleur de nuages
Jura le Stix, et promit
De former d’autres orages ;
Ils seroient seurs. On soûrit :
On luy dit qu’il estoit pere.
Et qu’il laissast pour le mieux
A quelqu’un des autres Dieux
D’autres tonnerres à faire.
Vulcan entreprit l’affaire.
Ce Dieu remplit ses fourneaux
De deux sortes de carreaux.
L’un jamais ne se fourvoye,
Et c’est celuy que toûjours
L’Olympe en corps nous envoye.
L’autre s’écarte en son cours ;