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FABLES CHOISIES.

Courut au tresor comme au feu.
II trouva des voleurs, et n’ayant dans sa bourse
Qu’un écu pour toute ressource,
Il leur promit cent talens d’or ;
Bien comptez et d’un tel tresor.
On l’avoit enterré dedans telle Bourgade.
L’endroit parut suspect aux voleurs ; de façon
Qu’à nostre prometteur l’un dit : Mon camarade
Tu te moques de nous, meurs, et va chez Pluton
Porter tes cent talens en don.




XIV.
LE CHAT ET LE RENARD.



Le Chat et le Renard comme beaux petits saints,
S’en alloient en pelerinage.
C’estoient deux vrais Tartufs, deux archipatelins,
Deux francs Pate-pelus qui des frais du voyage.
Croquant mainte volaille, escroquant maint fromage,
S’indemnisoient à qui mieux mieux.
Le chemin étant long, et partant ennuyeux,
Pour l’accourcir ils disputerent.
La dispute est d’un grand secours ;
Sans elle on dormiroit toûjours.
Nos Pelerins s’égosillerent.
Ayant bien disputé l’on parla du prochain.
Le Renard au Chat dit enfin ;
Tu pretends estre fort habile ;
En sçais-tu tant que moy ? J’ay cent ruses au sac.
Non, dit l’autre ; Je n’ay qu’un tour dans mon bissac,
Mais je soûtiens qu’il en vaut mille.
Eux de recommencer la dispute à l’envy.
Sur le que si, que non tous deux estant ainsi,