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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/357

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LIVRE DOUZIÉME.

Les Souris enfin les mangerent.
Autre procés nouveau. Le peuple Souriquois
En pâtit. Maint vieux Chat, fin, subtil et narquois,
Et d’ailleurs en voulant à toute cette race.
Les guetta, les prit, fit main basse.
Le Maître du Logis ne s’en trouva que mieux.
J’en reviens à mon dire. On ne void sous les Cieux
Nul animal, nul être, aucune Creature,
Qui n’ait son opposé ; c’est la loi de Nature.
D’en[1] chercher la raison, ce sont soins superflus.
Dieu fit bien ce qu’il fit, et je n’en sçai pas plus.
Ce que je sçais[2], c’est qu’aux grosses paroles
On en vient sur un rien plus des trois quarts du temps.
Humains, il vous faudroit encore à soixante ans
Renvoïer chez les Barbacoles.




FABLE IX.
LE LOUP ET LE RENARD.



D’où vient que personne en la vie
N’est satisfait de son état ?
Tel voudroit bien être Soldat
A qui le Soldat porte envie.

Certain Renard voulut, dit-on,
Se faire Loup. Hé qui peut-dire
Que pour le metier de Mouton
Jamais aucun Loup ne soupire ?

Ce qui m’étonne est qu’à huit ans
Un Prince en Fable ait mis la chose,
Pendant que sous mes cheveux blancs

  1. En, dans Les Œuvres postumes.
  2. Ce que j’ai toûjours veu, dans Les Œuvres postumes.