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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/53

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LIVRE PREMIER.

Pour éplucher tout ce canton.
La chanvre estant tout à fait creuë,
L’Hirondelle ajoûta : Cecy ne va pas bien :
Mauvaise graine est tost venuë.
Mais puisque jusqu’icy l’on ne m’a cruë en rien ;
Dès que vous verrez que la terre
Sera couverte, et qu’à leurs bleds
Les gens n’estant plus occupez
Feront aux oysillons la guerre ;
Quand regingletes et rezeaux
Attraperont petits oyseaux ;
Ne volez plus de place en place :
Demeurez au logis, ou changez de climat :
Imitez le Canard, la Gruë, et la Becasse.
Mais vous n’estes pas en estat
De passer comme nous les deserts et les ondes,
N’y d’aller chercher d’autres mondes.
C’est pourquoy vous n’avez qu’un party qui soit seur :
C’est de vous renfermer aux trous de quelque mur.
Les Oysillons las de l’entendre,
Se mirent à jazer aussi confusément
Que faisoient les Troyens quand la pauvre Cassandre
Ouvroit la bouche seulement.
Il en prit aux uns comme aux autres.
Maint Oysillon se vid esclave retenu.
Nous n’écoutons d’instincts que ceux qui sont les nostres,
Et ne croyons le mal que quand il est venu.




IX.
LE RAT DE VILLE,
ET LE RAT DES CHAMPS.



Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D’une façon fort civile,
A des reliefs d’Ortolans