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DEUXIESME PARTIE.

Nul n’est icy, nous avons tout à poinct,
L’heure, et le lieu, si touffu que la veuë
N’y peut passer : et puis sur l’avenuë
Je suis d’avis qu’une fasse le guet :
Tandis que l’autre estant avec Mazet,
A son bel aise aura lieu de s’instruire :
Il est müet et n’en pourra rien dire.
Soit fait, dit l’autre ; il faut à ton desir[1]
Acquiescer, et te faire plaisir.
Je passeray si tu veux la premiere
Pour t’obliger : au moins à ton loisir
Tu t’ébatras puis aprés de maniere
Qu’il ne sera besoin d’y retourner :
Ce que j’en dis n’est que pour t’obliger.
Je le voy bien, dit l’autre plus sincere :
Tu ne voudrois sans cela commencer
Assurement, et tu serois honteuse[2].
Tant y resta cette Sœur scrupuleuse,
Qu’à la fin l’autre, allant la dégager,
De faction la fut faire changer.
 Nostre muët fait nouvelle partie :

  1. Edition de 1668 :
    Fais, fais, dit l’autre…
  2. M. Walckennaer fait passer ici dans son texte les deux vers suivants :
    Disant ces mots, elle éveilla Mazet,
    Qui se laissa mener au Cabinet.
    Il les tire des manuscrits de Conrart et remarque qu’ils manquent dans toutes les éditions ; nous les trouvons néanmoins dans celle de 1668 ; nous ne pensons pas, d’ailleurs, qu’ils soient aussi nécessaires que le savant éditeur le suppose. La Fontaine les aura supprimés à cause de leur fâcheuse ressemblance avec ceux-ci, qu’on vient de lire un peu plus haut :
    De ces deux donc l’une, approchant Mazet,
    Dit à sa Sœur : Dedans ce cabinet,