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TROISIESME PARTIE.

La quantité rend excusable.
Caliste enfin l’inexpugnable
Commença d’écouter raison ;
Sa chasteté plia ; car comment tenir bon
Contre ce dernier adversaire ?


    Le feint Eraste.
    Moy, me railler ! ouvrez.
    Caliste.
    Et quand je l’aurois fait ?
    Je ne sçay qui me tient qu’avec un bon soufflet…
    Mais non, si jamais plus cette insolence extrême…
    Le feint Eraste.
    Je vois bien ce que c’est, il faut l’ouvrir moy-mesme.
    Disant ces mots, il l’ouvre, et, sans autre façon,
    Il tire de la boëte et d’entre du coton
    De ces appeaux à prendre Belles,
    Assez pour flêchir six Cruelles,
    Assez pour creer six Cocus,
    Un collier de vingt mille escus.
    Caliste n’estoit pas tellement en colere
    Qu’elle ne regardast ce don du coin de l’œil.
    Sa vertu, sa foy, son orgueil,
    Eurent peine à tenir contre un tel adversaire.
    Mais il ne faloit pas si tost changer de ton.
    Eraste, à qui Nerie avoit fait la leçon….

    Dans l’édition de Jean Sambix, on trouve ici l’avis suivant :

    Je ne vous aurois pas donné cette nouvelle imparfaite comme elle est, si je n’avois sceu de bonne part que son illustre auteur n’est pas dans le dessein de l’achever. Mais, en quelque estat qu’elle soit, vous devez toûjours m’en estre obligé, puisque son Prologue est tenu, par les plus éclairés, pour un chef-d’œuvre.

    La Fontaine, dans son édition de 1669, répond ainsi à cette note :
    Sans l’impression de Holande j’aurois attendu que cet ouvrage fust achevé avant que de le donner au public ; les fragmens de ce que je fais n’estant pas d’une telle consequence que je doive croire qu’on s’en soucie. En cela et en autre chose cette