dans la ra?vine, marchant devant elle, et luy enseignant à poser le? pied, tantost sur cet endroit-là,? tantost sur cet autre ; non sans peril : mais la crainte donne du courage. Si Psiché n’eust point fuy Venus,? elle n’auroit jamais osé faire ce qu’elle fit.
La difficulté fut de traverser le torrent qui couloit au fond. Il estoit large? creux? et rapide. Oh es-tu, Zephire ? s’écria Psiché ; mais plus de Zephire. L’Amour luy avoit donné congé, sur l’assurance que nostre HeroYne n’oseroit attenter contre elle, puisqu’il le luy avolt défendu, ny faire chose qui luy plust. En effet, elle n’avoit garde. Un pont portatif que le Vieillard tiroit après soy si tost qu’il estoit passé, suppléa à ce defaut. C’estoit un tronc à demy pourry, avec deux bastons de saule pour garde-fous. Ce tronc se posoit sur deux gros cailloux qui servoient de bordages ?à l’eau en cet endroit-l?à. Psiché passa donc et n’eut pas plus de peine à? remonter qu’elle en avoit eu à de?scendre.
De nouveaux obstacles se presenterent. tl faloit en- core grimper, et grimper par dedans un bols si touffu, que l’ombre &ernelle ; a’est pas plus noire. Psich? sui- voit le Vieillard, et le tenok par I’habit. Aprks biea des peines, ils arriverent 3. une petite esplanade assez d&ouverte et employke ? diver’s offices ; c’estoit les jardins, la court principale, Ies avant<ours, et les avenu?ës de cette demeure. Elle fournissoit des fleurs à son maistre, et un peu de fruit, et d’autres richesses du jardinage.
De là, ils monterent ?à l’habitation du Vieillard par des degrez et par des perrons qui n’avoient point eu d’autre architecte que la nature : auss? tenoient-ils un peu du Toscan, pour en dire la verité. Ce Palais n’avoit pour toict que cinq ou six arbres d’une prod?igieuse hauteur, d?ont les racines cherchoient passage entre les voutes de ces rochers.
Làt deux jeunes Bergeres assises voyoient paistre à dix pas d’elles cinq ou six chevres? et filoient de si
