Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 3.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

miner les matieres avec quelque sorte de methode, tant la passion pour la recherche de la verité a été grande dans tous les temps ; celuy où vivoit Platon l’a emporté en cela par dessus les autres. Socrate est le premier qui a fait connoître les choses par leur genre et leur difference. De là sont venus nos Universaux et ce que nous appellons Idées de Platon : de là est venuë aussi la connoissance de chaque espece ; mais, comme le nombre en est infiny, il est impossible à ceux qui examinent les matieres à fonds d’en venir jusqu’à la demiere precision et de ne laisser aucun doute. Ce n’étoit donc pas une chose indigne ny de Socrate ny de Platon de chercher toûjours, quoyqu’ils eussent peu d’esperance de rien trouver qui les satisfist entierement. Leur modestie les a empêchez de décider dans cet abysme de difficultez presque inépuisable. On ne doit pas pour cela leur reprocher l’inutilité de ces Dialogues : ils faisoient avoüer au moins qu’on ne peut connoître parfaitement la moindre chose qui soit au monde ; telle est l’intention de son Auteur qui l’a présenté à nôtre raison comme une matiere de s’exercer, et qui l’a livré aux disputes des Philosophes.

Je passe maintenant au Sophisme. Si on pretend que les Entretiens du Licée se devoient passer comme nos Conversations ordinaires, on se trompe fort : nous ne cherchons qu’à nous amuser ; les Atheniens cherchoient aussi à s’instruire,’ : En cela il faut proceder avec quelque ordre. Q’on en cherche de si nouveaux et de si aigez qu’on voudra, ceux qui prtendront les avoir trouvez ’aur0nt fait autre chose que dguisef ces m& roes manieres qu’ils bigmerit t’ant ; il n’y en a proprement qu’un et celle-IA est bien plus trange tan nos Echoles qu’elle n’toit alors au. Lycée et parmi l’Academie. Socrate en faisoit un bon usage, les Sophistes en abusoient : ils attiroient la jeunesse par de vaines subtilitez qu’ils luy s<avoient fort blen vendre. Platon y voulut remedier en se moquant d’eux ainsi