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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/137

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Donnoit à son encens un goust exquis et fin,
Que n’avoit pas celuy qui partoit d’autre main.


Calliope.

Je vais, puisuq’il vous plaist, hazarder quelque Stance.
Si je débute mal, imposez-moy silence.


Apollon.

Calliope manquer !


Calliope.

Calliope manquer ! Pourquoy non ? Tres souvent
L’Ode est chose penible, et sur tout dans le grand.

Toy, qui soûmets les Dieux aux passions des hommes :
Amour, souffriras-tu qu’en ce siecle où nous sommes,
Climene montre un cœur insensible à tes coups ?
Cette Belle devroit donner d’autres exemples :
Tu devrois l’obliger, pour l’honneur de tes Temples,
D’aimer ainsi que nous.


Uranie.

Les Muses n’ayment pas.


Calliope.

Les Muses n’ayment pas. Et qui les en soupçonne ?
Ce nous n’est pas pour nous ; je parle en la personne
Du Sexe en general, des devotes d’Amour.


Apollon.

Calliope a raison, qu’elle acheve à son tour.


Calliope.

J’en demeureray là, si vous l’agreez, Sire.
On m’a fait oublier ce que je voulois dire.


Apollon.

À vous donc, Polymnie ; entrez en lice aussi.


Polymnie.

Sur quel ton ?


Apollon.

Sur quel ton ? Je vois bien que sur ce dernier cy