Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/145

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Erato.

Quand je m’enrumerois à force d’appeler,
Si faut-il qu’il entende. Acante !


Acante.

Si faut-il qu’il entende. AcanteQui m’appelle ?


Erato.

C’est vostre bonne amie Erato.


Acante.

C’est vostre bonne amie EratoQue veut-elle ?


Erato.

Vous le scaurez ; venez.


Acante.

Vous le scaurez ; venezDieux ! je vois Apollon,
Sire, pardonnez-moy ; dans le sacré valon
Je ne vous croyois pas.


Apollon.

Je ne vous croyois pasLevez-vous et nous dites
Quelles sont ces faveurs, soit grandes ou petites,
Dont le fils de Venus a payé vos tourmens.


Acante.

Sire, pour obeïr à vos commandemens,
Hier au soir, je trouvay l’Amour près du Parnasse :
Je pense qu’il suivoit quelque Nymphe à la trace
D’aussi loin qu’il me vit : Acante, approchez-vous,
Cria-t-il : j’obéis. Il me dit d’un ton doux :
Vos vers ont fait valoir mon nom et ma puissance :
Vous ne chantez que moi : je veux pour récompense
Dès demain sans manquer obtenir du destin
Qu’il vous fasse trouver Clymène le matin
Dans son lit endormie, ayant la gorge nue,
Et certaine beauté que depuis peu j’ai vue.
Sans dire quelle elle est. il suffit que l’endroit
M’a fort plu ; vous verrez si c’est à juste droit.
Vous êtes connaisseur. Au reste en habile homme
Usez de la faveur que vous fera le somme.